Olympicorama, le handball
15 juin 2021
Un spectacle produit par la Compagnie Vertical Détour (93) vu le 14 juin 2021 à la Villette.
Texte : Frédéric Ferrer
Comédiens : Frédéric Ferrer
Genre : Conférence gesticulée
Public : tout public
Durée : officiellement 1H30 (mais 2H ce soir)
Et de trois ! 3 sur 5 : pas mal pour une non-adepte revendiquée du sport mais qui peu à peu convertit ses amis à cette extraordinaire discipline. Et finalement grâce au Covid, je vais finir par participer à l’intégrale. Mais de quoi s’agit-il, diantre ? D’ « Olympicorama » de Frédéric Ferrer et de son projet un peu fou de présenter en vue des JO de 2024, 4 disciplines olympiques par saison théâtrale (une date unique à chaque fois) jusqu’au début de l’évènement sportif. Après « le 100m » et le « marathon » (chroniqués), Frédéric Ferrer nous invite ce soir à découvrir les subtilités du handball.
-Le dispositif de base est le même, le décor itou. A cour, un pupitre avec ordinateur pour la conférence gesticulée. A jardin, un coin interviewe pour l’accueil, en seconde partie, d’un sportif de haut niveau, spécialiste de la discipline. En fond de scène, un écran.
- Sonorisé, Frédéric Ferrer entreprend sa conférence. La crise sanitaire ayant fortement perturbé le planning du projet, il commence par rappeler aux néophytes (une moitié de salle) le cadre de sa démarche. Un historique de l’Olympisme annonce la couleur. « L’Olympisme comme miroir du monde », cette jolie formule pourrait être la marque de fabrique de Frédéric Ferrer : une alliance magique d’érudition, de pensées sur le monde et d’absurde.
En 45 minutes chrono, Frédéric Ferrer nous raconte la genèse du handball, sa compromission avec le nazisme, ses règles revisitées pour en tourner la page, sa complexité. Voilà pour le côté docte. Mais Frédéric Ferrer est un vulgarisateur hors pair et un homme de théâtre. La partie scientifique est donc « enrobée » de tout un dispositif : le fameux powerpoint d’abord sans lequel notre professeur tournesol ne saurait étayer sa démonstration ! Chaque propos est illustré de façon obsessionnelle au cas où, par exemple, nous ne saurions à quoi ressemble un chat ou une vache. Tiens d’ailleurs, le saviez-vous : « un ballon, c’est un chat dans une vache ». Je vous laisse résoudre l’énigme démêlée par Frédéric Ferrer au gré d’une de ses innombrables digressions.
Les digressions sont le deuxième procédé théâtral. Plus drôles les unes que les autres, elles ne sont jamais gratuites mais permettent au contraire de faire le tour de la question jusque dans ses ramifications les plus politiquement incorrectes. C’est ainsi que Pierre de Coubertin en prend sérieusement pour son grade : à défaut de concurrent, Monsieur s’est auto-médaillé d’or dans la catégorie littérature, sous pseudo allemand (en 1912), et par la plume négrière de sa femme. Bonjour l’esprit olympique !
Il n’en n’est pas de même pour les invités du soir, Bertrand Gille et Laurent Meunier, au palmarès impressionnant. Très posés et très pédagogues, ils explicitent, images d’archives à l’appui, les subtilités d’un sport de feinte que je n’aurais jamais imaginé si stratégique. Frédéric Ferrer se prête courageusement au jeu en qualité de goal ; on rit de bonne grâce à ses dépens mais la démonstration est imparable.
-Après les 100 m et le marathon, je m’étais promis de revenir combler mes lacunes dans le domaine sportif. Une fois encore, le spectacle était à la hauteur de mes attentes. Mieux, mes amis m’ont décerné les lauriers du meilleur choix de spectacle. Le sport en salle ( !), avec Frédéric Ferrer, c’est facile !
Catherine Wolff