Compte rendu de l’Atelier Pôle Emploi Spectacle : Tiers-lieux culturels
20 juil. 2021Atelier Pôle Emploi : Tiers-lieux culturels – Rencontre Professionnelle dans le cadre du Festival d'Avignon -Cloître Saint-Louis - Avignon (84000) – Vendredi 9 juillet 2021 (14 h 30)
Intervenants : Magali Blain responsable pôle ressource Arsud, Sarah Boggs cogérante de l’Akwaba, Caroline Bonheur responsable Fabrique Formation Arsud, Marion Folliasson gérante et responsable du bonheur de la société coopérative L'Éveilleur, Florence Levasseur chargée de mission Terres de Vaucluse, référente de l’incubateur social Camina, Marie-Christine Peyrol responsable antenne Vaucluse France Active PACA, Stéphane Soler directeur de l’Association A.V.E.C. la Gare de Coustelet, et animé par Corinne Le Duc conseillère en évolution professionnelle Pôle emploi Culture Spectacle Vaucluse.
Le terme de « tiers-lieu culturel » est large et regroupe une multitude de possibilités de création pour les porteurs de ce type de projet. En France, on dénombre plus de 2000 tiers-lieux culturels, dont 800 hors de la métropole. Dans la région PACA, ce chiffre s’élève à plus de 130 lieux dont plus d’une vingtaine sont exclusivement culturels (résidence d’artistes, espace de diffusion…). En prenant l’exemple de notre région, le maillage de ces lieux est diffus. Le Port des Créateurs à Toulon ou la Fruitière Numérique à Lourmarin en sont des paradigmes. Il y a une concentration certaine au niveau des métropoles d’Aix-Marseille, Toulon et Nice. Ces lieux ne sont pas toujours des lieux physiques. Ils peuvent être itinérants ou éphémères.
Il n’existe pas une définition d’un tiers-lieu, chaque espace s’identifie de manière unique. Il y a tout de même des éléments communs à ces lieux : l’ancrage territorial et numérique, la communauté artistique, le modèle économique suivi… Le tiers-lieu se conçoit comme un processus démocratique aussi bien au niveau de la prise de décision que de la vie quotidienne au sein de cet espace de création.
Ce type de lieu n’est en revanche pas un label d’État. Les tiers-lieux sont vu comme des « fabriques de territoire », des « lieux structurants » ou des « créateurs de réseaux ».
Cette conférence aura été l’occasion de présenter l’exemple d’un tiers-lieu réussit : l’Akwaba. Situé à Châteauneuf-de-Gadagne (Vaucluse), ce lieu se qualifie de société culturelle coopérative. Ce sont les sociétaires qui ont les actions de la coopérative et qui portent les projets culturels. L’objectif commun de l’Akwaba est de mutualiser ses ressources pour former un lieu où la coopération entre créateurs et artistes soit le maître mot et où la diversité règne. Ce tiers-lieu est à but non lucratif, mais les bénéfices sont réalisés dans la mutualisation de moyens. L’Akwaba est une S.A.R.L et non pas une association. Elle est donc fiscalisée et a des contrats aidés. La cogérante de ce lieu, Sarah Boggs, explique en revanche qu’il existe certains obstacles liés à ce type de statut administratif et peut-être un manque de reconnaissance institutionnel. Pour illustrer son propos, elle évoque les aides de la région SUD qui sont certes disponibles pour des lieux comme l’Akwaba mais qui ne sont pas toujours adaptées aux subtilités juridiques de ces lieux (n’étant pas une association). En effet, elle rappelle qu’un tiers-lieu n’est pas un label étatique, ce qui explique surement ces difficultés administratives. La société aujourd’hui recense plus de particuliers que de sociétaires avec des projets forts.
Ensuite, l’Atelier se poursuit avec la présentation de la société coopérative « L’Éveilleur » (située en Avignon). La société ne se revendique pas le titre de tiers-lieu, mais celui d’écolieu artistique. Pourquoi avoir choisi ce mode de fonctionnement ? Tout simplement pour axer son mode de fonctionnement sur une construction collective et plus démocratique des projets. Les associés de la société sont aussi salariés, ceci expliquant la qualification juridique en S.C.O.O.P.. De nouveau, le débat se porte sur la demande d’aides publiques et les difficultés certaines pour les obtenir face un système administratif n’étant pas toujours adapté aux statuts spéciaux de ces lieux.
L’Atelier se poursuit avec l’intervention d’une jeune comédienne. Elle évoque les délicatesses pour les jeunes comédiens de trouver une compagnie ou un lieu pour exercer son métier. Elle évoque cette relation intéressante entre les « artistes » (tenants de tiers-lieu culturel) et les Artistes (comédiens, compagnies). Cette coopération évoquée par la comédienne est l’objectif premier de ces lieux. Ces espaces sont faits pour les artistes et par les artistes. Chacun à sa part à apporter dans ces lieux. L’Akwaba évoque notamment les résidences pour artistes qu’elle propose ainsi que les spectacles que ce lieu a la possibilité de produire.
L’Atelier se poursuit par la présentation de multiples formations sur les tiers-lieux (notamment proposés par la Fabrique Formation Arsud). Elles proposent une immersion dans les lieux le matin, suivi d’un temps de formation l’après-midi sur les fondements d’un tiers-lieu, les outils de planification et de programmation, l’élaboration d’un processus de mise en place d’un tiers-lieu… L’objectif de ces formations n’est pas axé seulement sur un aspect financier et budgétaire des tiers-lieux. La culture est une part essentielle de ces formations. Également, des formations certifiantes sur le pilotage d’un tiers-lieu sont proposées.
Pour conclure, l’Atelier se termine par un récapitulatif sur ce qu’est un tiers-lieu. C’est avant tout une économie sociale et solidaire. Un tiers-lieu est un projet collectif qui a pour but de fédérer, créer du lien avec les habitants et générer une véritable dynamique humaine. Trois types d’intérêt sont représentés :
L’intérêt général : que va changer un tiers-lieu dans la vie d’une collectivité ?
L’intérêt collectif : qu’elle est l’importance de décider ensemble ?
L’intérêt individuel : quel est le rôle de l’artiste ? Comment l’utiliser ? Comment alimente-t-il le tiers-lieu par le biais de son art ?
Avant d’être un lieu, le tiers-lieu culturel est un processus permettant la (re)découverte du travail et de la prise de décision, ensemble.
Chadé AMINOU
Retrouvez ici l'article du Catazine Vivant Mag 2018 sur les tiers-lieux culturels dans le cadre de l'activation de l'ancien Tri Postal d'Avignon auquel l'Adadiff-Casi a participé activement.