Spectacle de la compagnie Libre d’Esprit (59), vu à la Cour du Spectateur à Avignon le 9 juillet 2021 à 12 h. Générale dans le cadre du Festival OFF d'Avignon du 10 au 31 juillet (relâche les 11,18 et 25 juillet).

 

D’après Dostoïevski

Metteur en scène : Nikson Pitaqaj

Interprète(s) : Lina Cespedes, Henri Vatin, Anne-Sophie Pathé, Mirjana Kapor, Franck Halimi

Genre : Théâtre Participatif

Public : à partir de 10 ans.

Durée : 1 h 15

 

Premier spectacle dans la Cour du Spectateur, porté par la Ligue de l’Enseignement, et qui s’inscrit cette année dans une démarche collective pour (re)construire un espace plus convivial au cœur du festival, pour offrir une véritable alternative à la simple consommation de spectacles.

Le titre du spectacle, « Est-ce qu’on tue la vieille », dans un lieu plutôt bienveillant et écocitoyen, m’a déjà frappé. Le Pitch aussi... Alors c’est avec un grand plaisir que je m’assois sur les bancs de ce joli petit théâtre ambulant pour savoir ce qu’on allait faire de la vieille.

Après un court extrait de « Crime et châtiment » de Dostoïevski - écrit il y a plus de 150 ans -, joué par deux comédiens, et nous rappelant qu’en tuant la vieille dame, « bête, absurde, insignifiante, méchante, malade et qui est utile à personne... », on pourrait construire et soutenir des centaines, des milliers de bonnes choses. Le dispositif se dévoile.

La vieille, détestable au possible, sans en faire des tonnes, s’installe sur un fauteuil en sirotant une liqueur pendant que l’animateur, qui la supporte depuis 40 ans, nous propose de nous positionner d’un côté ou l’autre de la scène selon que l’on souhaite l’occire ou lui laisser la vie.

Ça fonctionne à merveille, et malgré l’espace exigu, le public devient « spec’acteur » et prend parti. La question ne laisse pas insensible. Chacun argumente, on évoque la religion, la peine de mort, la politique, l’euthanasie, la démocratie, la morale... Chacun argumente ou biaise pour justifier sa position. Car bien sûr, on peut changer d’avis et passer d’un côté ou de l’autre. C’est la version théâtrale du débat mouvant proposé par Franck Lepage et cela permet de toucher d’autres publics.

La question en noir et blanc, dans le cadre très strict dans lequel elle est posée, est insoluble me semble-t-il. Mais elle permet à chacun, de prendre le temps de mesurer la dimension des enjeux, d’explorer les pensées des autres, et d’accepter les différences.

Pour ma part, c’est une forme d’éducation populaire qui me fait aimer le théâtre. Et vice versa.

Merci ! 

 

Eric Jalabert

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