Spectacle des Productions du petit vélo / Aviscène (95) vu à la Factory 3 - Chapelle des Antonins - le 28 juillet 2021 à 11 h 20. Dans le cadre du Festival OFF d'Avignon. Jusqu’au 31 juillet 2021.  

 

Auteur et interprète : Yvon Martin 

Scénographe : Citronelle Dufay / Moustik 

Regard extérieur : Michel Scotto 

Genre : seul en scène 

Public : Tout public  

Durée : 1 h 15

 

J’étais présent à la remise du prix Tournesol le 25 juillet, qui met en avant les spectacles du OFF d’Avignon traitant de l’écologie et de l’environnement, sujet qui me semble d’une priorité absolue. Ce spectacle a été le gagnant du prix Environnement et cela a attisé ma curiosité.

Sur une scène très sobre, Alexandre nous accueille à la cérémonie d’humusation de son père, né en 2000. Nous sommes en 2080 et en 2080, on n’enterre plus les gens. En 2080, on rend les corps à la terre pour l’enrichir et en faire de l’humus.  

Celui-ci va nous raconter sa saga familiale, comme fil conducteur à la transition écologique globale nécessaire pour sortir du merdier dans lequel nous étions en 2020. Car souvenons-nous, en 2020, ça n’était pas ringard de manger des fraises en hiver, ni de voyager aux Baléares pour un week-end au soleil !

Il trace ainsi le parcours de son grand-père, Léonard, climatologue et tirant déjà les sonnettes d’alarme avant 2000. Mais aussi de son père qui a appris à agir et à réfléchir ensemble à travers ses expériences Zadistes, puis qui, élu maire de son village, a pu appliquer une démocratie participative avec tous à travers les conseils citoyens. Ils ont ainsi pu construire un village de transition, qui a été plus résilient que les autres lorsqu’en 2036 est intervenu le grand black out, une semaine sans électricité. Car il ne faut pas se leurrer, il va y avoir des changements et il faudra bien s’adapter et même improviser.

Et Yvon Martin, auteur et interprète, ne les contourne pas. Il aborde ainsi les questions que nous nous posons déjà aujourd’hui – l’alimentation, l’énergie, la population, la décroissance, le climat, la démocratie -, en les plaçant dans un passé révolu avec des solutions et des outils que nous avons déjà en main :  l’organisation du pouvoir, la mutualisation, la participation de chacun aux décisions politiques, le réemploi, l’accueil des réfugiés climatiques, la culture du partage et tant d’autres outils qui prennent vie à travers son récit. C’est très documenté et très riche.

J’y ai appris au passage que ma belle ville d’Avignon était à 3 % d’autosuffisance alimentaire et que la ville la plus avancée dans le domaine était Pau, avec 8 %. Il y a encore du travail. Mais, ce que nous raconte ce spectacle nous permet de rester conscient et optimiste.

Les différents personnages mériteraient d’être davantage travaillés. Ils manquaient pour moi parfois de consistance et apporteraient ainsi une plus grande fluidité dans cette histoire. Mais, c’est avant tout le récit vers un avenir heureux et non vers les dystopies que l’on nous sert le plus souvent qui font le grand intérêt de ce spectacle. 

 À découvrir et faire partager partout, car la forme très légère peut s’adapter même en dehors des théâtres...

 

Eric Jalabert 

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