Tonycello - La migration des tortues
27 juil. 2021
Interprète : Antoine Payen
Mise en scène : Marie Liagne
Création lumières/régie : Vincent Masschelein
Régie son et lumières : Michaël Bouey
Regard sur le conte : Rachid Bouali et Dominique Langlais
Genre : Solo burlesque et musical
Public : à partir de 7 ans
Durée : 1 h 05
Évidemment, le titre ne peut que susciter la curiosité. Et comme j’aime beaucoup les spectacles humoristiques ET musicaux, je décide d’aller faire connaissance avec Tonycello, personnage créé par Antoine Payen, qui n’est pas tout à fait nouveau venu dans le monde de la musique, ni d’ailleurs à Avignon (Off 2013). Diplômé d’état de violoncelle, agrégé de musique, fondateur du quatuor Winston, intervenant dans des écoles de musique, et membre de l’orchestre de l’opéra théâtre de Limoges où il a créé « Violoncelle ou grosse guitare ? » qui a obtenu le P’tit Molière du meilleur spectacle musical en 2013 : plutôt pas mal ! Il crée la Migration des Tortues en 2017.
Aujourd’hui, après un parcours solo dans la chanson, Tonycello a décidé de tout faire pour accéder à son rêve, faire partie d’un orchestre ! Pour l’heure, c’est sa maman qui plaide sa cause, en voix off. Elle écrit au chef d’orchestre pour lui demander de prendre son fils, ne serait-ce qu’en stage, ça ferait vraiment plaisir à toute la famille.
Mais il ne suffit pas de vouloir. Beaucoup de candidats et peu de postes. Comment arriver à sortir du lot ? Il n’y a guère que les concours pour départager les candidats. Tonycello entreprend donc de candidater dans les villes voisines de son domicile. À force de persévérance, après avoir affronté plusieurs jurys, il finit par intégrer l’orchestre d’une petite ville de province.
C’est le moment, à grand renfort de multiples facéties, de nous expliquer le fonctionnement et les codes, qu’il va lui-même découvrir, qui régissent une telle institution. Géographiquement, dans un orchestre, les musiciens ne sont pas placés au hasard, et sont regroupés par instruments, ou pupitres, face au chef et en rangs d’ordre. Tonycello, dans un premier temps, sera seulement stagiaire (c’était bien ce que maman voulait !), avec de plus la lourde charge de tourner les pages des partitions, aux côtés d’un violoncelliste en titre. Mais il va tomber sous le charme d’une belle hautboïste, placée dans sa ligne de mire, ce qui sera on ne peut plus néfaste à sa concentration ! Il sera également amené à se produire dans l’orchestre d’opéra, relégué avec ses collègues dans la fosse située au-dessous du niveau de la scène. Espace généralement sous-dimensionné pour de trop nombreux musiciens devenus ainsi « invisibles ». Là aussi, vous allez en apprendre de belles sur la « construction » d’un opéra...
Ce spectacle intelligent, gentiment didactique, qui dévoile une part de l’envers du décor, se joue sous la baguette du personnage farfelu qu’est Tonycello. Affublé d’un kilt à carreaux – c’est franchement pas l’idéal pour jouer du violoncelle, mais il a tout prévu (avec tout de même chemise blanche, gilet et cravate). Les gambettes à l’air, sans chaussures, mais avec de belles chaussettes jaunes. Cheveux hirsutes à la Beethoven, cet émule de Mr Bean - avec un petit air de François Morel - qui accumule les bévues en cascade, nous entraîne dans son univers pendant plus d’une heure. Après ça, vous ne regarderez plus les musiciens d’orchestre et les chanteurs d’opéra de la même façon. La musique est évidemment présente tout au long du spectacle, en fond sonore, et avec quelques interventions directes (trop peu nombreuses) sous l’archet de Tonycello, qui sait parfaitement faire semblant de mal jouer !
Ce qui est sûr, c’est que Tonycello ne fera pas carrière, car il s’avère « qu’il n’a pas le profil ». Il ne sait pas « jouer collectif », ce qui est un réel problème dans une équipe.
Antoine Payen semble lui réussir sa carrière de musicien d’orchestre. Peut-être aussi grâce à l’espace de liberté que lui apporte son personnage !
Cathy de Toledo