Le procès Eichmann à Jérusalem
16 juil. 2021/image%2F1435974%2F20210716%2Fob_0f32e1_06e6e35e-9fc9-47d6-b370-1bb1dcbf573e.jpeg)
Spectacle de la compagnie Ivan Morane (81), vu dans la Chapelle du Théâtre des Halles à Avignon, le 14 juillet 2021 à 19 h 00, dans le cadre du Festival OFF d’Avignon du 7 au 31 juillet.
Auteur : D’après Joseph Kessel
Metteur en scène et Interprète : Ivan Morane
Genre : Théâtre contemporain
Type de public : Adulte
Durée : 1 h 20
Seul en scène, Ivan Morane raconte d’après des textes de Joseph Kessel le procès d’Adolf Eichmann, membre du parti nazi responsable de la mort de plus de 6 millions de juifs.
Ayant entendu parler d’Eichmann et de son procès assez extraordinaire (pour lequel Hannah Arendt parle de « banalité du mal »), nous appréhendions un peu cette représentation, curieuses d’en savoir plus sur cet évènement historique, mais conscientes que celle-ci allait être éprouvante émotionnellement.
La puissance de ce spectacle tient d’abord du texte, arrangement des écrits journalistiques de Joseph Kessel qui couvre le procès pour France Soir en 1961. Il rappelle les nombreux chefs d’accusation et décrit avec précision son déroulé, les différents personnages impliqués ainsi que leurs motivations. Ce texte est soutenu par la diction impeccable et l’intensité émotionnelle du comédien. Être capable de réciter ces écrits pendant 1 h 20 est à nos yeux une performance, car ce sujet puissant ne laisse pas de marbre (d’autant que l’histoire personnelle de l’artiste est intrinsèquement liée à cet évènement historique).
La mise en scène accompagne ce récit de façon ingénieuse et très imagée. À l’aide de puits de lumière dont l’intensité varie, nous comprenons dans quel espace nous sommes, qui prend la parole et dans quelles dispositions. Sur la gauche de la scène, une grande cage en verre, semblable à celle qui protégeait Eichmann des attentats possibles lors du procès ; le comédien l’utilise pour le représenter et s’adresser à lui. Il diffuse des extraits audios de l’interrogatoire de l’accusé par la police, nous faisant entendre sa voix et le projetant dans la salle avec nous. De temps en temps, une musique se fait entendre, une musique sans doute juive d’Europe de l’Est, nous plongeant encore plus dans cette sombre époque.
L’austérité de la salle (la Chapelle du Théâtre des Halles d’Avignon) confère une gravité et une poésie au tableau, qui nous transporte au travers de cet évènement marquant du XXe siècle.
Gabriette