Martin Eden
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Spectacle de la compagnie Les Âmes Libres (92), vu à l’Essaïon Théâtre le 21 juillet 2021 à 16 h 00. Dans le cadre du Festival OFF d'Avignon du 7 au 31 juillet.
Auteur : Véronique Boutonnet, d’après Jack London
Metteur en scène : Richard Arselin
Interprète(s) : Franck Etenna, Luca Lomazzi, Véronique Boutonnet, Olivier Deville
Genre : Théâtre
Public : à partir de 12 ans
Durée : 1 h 25
J’avais sélectionné ce Martin Eden tant le roman autobiographique de Jack London m’avait séduit, décrivant les ténèbres et la distance existant entre les réalités des humains riches et miséreux de notre terre. J’étais curieux de voir l’adaptation qui en a été faite et je savais que cela n’était pas évident. Mais je n’ai pas été déçu.
Le grand plateau est parsemé d’accessoires, de malles et d’instruments, alors que les quatre comédiens sont immobiles, pendant que la voix off de Charmian (la femme de Jack London) se souvient de la genèse du livre. Martin Eden a été écrit lors de son voyage en voilier à l’aube du vingtième siècle avec son épouse et reflète le parcours et les questionnements du grand écrivain sur notre société si inégalitaire.
Les scènes alternent entre l’histoire de Martin Eden et Rousse - dont il est épris et qui l’initiera au « grand monde » en lui apportant les outils de la connaissance - et les questionnements de Jack London et de Charmian, joué bien sûr par les mêmes comédiens. Cela crée un parallèle très fort entre les deux parcours. La mise en scène s’appuie sur les cordages et les accessoires qui sont omniprésents, permettant ainsi de structurer les espaces, le bateau, la maison bourgeoise ou les baraquements crasseux. Cela forme de belles images très cinématographiques, portées par une bande son très présente.
Le propos politique – les bas fond de l’humanité oubliée versus la haute bourgeoisie qui possède les outils de la connaissance et du pouvoir - est certes très présent, mais m’ont moins impacté que dans le roman. J’y ai vu pourtant transpercer la colère de classe qui pousse Jack London/Martin Eden à devenir écrivain pour décrire le monde d’où il vient. Il a la foi en lui-même, avec la certitude de sa mission pour laquelle il donne toute son énergie.
Accompagnés de deux comédiens plus anecdotiques, le double couple Jack London/Charmian et Martin Eden/Rousse fonctionne à merveille.
Ils m’ont emmené dans cette histoire parlant d’intime et de grandes causes avec un plaisir certain.
À découvrir !
Éric Jalabert