Crédit : Arthur Péquin

Crédit : Arthur Péquin

No Way, Veronica

Spectacle de la Compagnie La Spirale (57), vu au théâtre 11 à Avignon le 14 juillet 2021 à 15 h 15. Dans le cadre du Festival OFF d'Avignon du 7 au 31 juillet.

Auteur : Armando Llamas

Metteur en scène : Jean Boillot

Interprètes : Isabelle Ronayette, Jean-Christophe Quenon, Philippe Lardaud, Hervé Rigaud

Création musicale : David Jisse

Lumières : Ivan Mathis

Sonographie : Christophe Hauser

Costumes : Pauline Pô

Régie générale : Perceval Sanchez

Durée : 1 h 10

Genre : Théâtre musical

Public : à partir de 12 ans.

No way Véronica ! Pas moyen, pas possible, pas négociable : la vamp Veronica ne pénétrera pas la base scientifique subantarctique, peuplée de mâles grégaires virilistes. Quoiqu’il en faut plus pour décourager la bête, qui emploiera le temps de la représentation à chercher par tous les moyens à s'immiscer dans le masculin gynécée...

Empruntant aux genres de l'horreur, de l'érotisme et du fantastique, cette parodie de The Thing s'ingénue à travestir nos freudiens désirs en situations cocasses. À travers cette femme face à des hommes, ce sont des archétypes de genre qui se confrontent et se fantasment mutuellement : la féminité castratrice et délurée, assoiffée de sexe, contre une virilité guerrière, punitive et phallocentrée. No way Veronica, une démonstration sociologique sur la guerre des genres ?

Pas que. Une comédie, avant tout, dont l'humour est fondé sur le travestissement. Celui des quatre comédiens et comédiennes, incarnant tour à tour femme et hommes en dépit de leur genre sans lésiner sur les représentations exacerbées. Celui de Véronica, se glissant dans mille peaux pour montrer patte blanche de panthère des neiges et duper ses désirés détracteurs (Véronica peut tout être, alors, méfiez-vous des ardeurs de votre chien). Le jeu des métamorphoses de costumes et de voix, accompagné du beau travail de composition sonore de David Jisse, est mené au cordeau. Mais c'est sans doute au niveau des représentations du genre que le travestissement agit avec le plus d'intelligence. Le stéréotype des femmes multiples prisonnières et protégées par le gynécée des attaques du mâle guerrier, est ici renversé. C'est ici l'hermine qui traque les ours jusque dans leur tanière, les harcèle, les désire, les fait bientôt céder.

Au feu la banquise ! No Way Veronica nous emporte dans une performance résolument queer, drag, rock et délicieusement subversive.

Mathieu Flamens

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