Trois ruptures
27 juil. 2021
Texte : Rémi de Voos
Mise en scène : Eric Rossi et Antoine de la Roche
Interprètes : Johan Daisme et Arnaud Apppréderis
Régie et création lumière : Eric Rossi
Scénographie : Eric Rossi
Création sonore : Benjamen Furbacco
Genre : théâtre contemporain
Public : à partir de 12 ans
Durée : 1 h
Trois histoires, mais un même couple qui incarne les protagonistes. Trois situations différentes, comiques et tragiques à la fois, mais trois ruptures inévitables…
L’écriture de De Voos est incisive, précise, crue et aborde tous les sujets de société sans tabou. En l’occurrence dans ce texte, il est question de la domination masculine, de l’homosexualité, de l’avènement de la toute-puissance de l’enfant.
Sa chienne
L’homme est en train de déguster le repas que sa femme lui a préparé. Elle est à ses petits soins. Le repas à peine terminé, elle lui annonce brutalement qu’elle le quitte, et que c’était là un festin d’adieux. Elle ne le supporte plus, ni lui, ni sa chienne, qui passe avant tout, surtout avant elle ! Il est d’abord abasourdi, puis commence à chercher des explications. Renversement de situation. La femme est attachée sur une chaise et l’homme l’oblige à manger de la pâtée pour chien, une cuillerée après l’autre… C’est son repas d’adieux à lui ! L’échange verbal vire au règlement de comptes, ils se balancent à la figure des vérités salées. Elle devient franchement grossière, voire vulgaire. Mais l’homme a repris la main, et c’est finalement LUI qui la quitte...
Le pompier
L’homme avoue à sa femme qu’il a rencontré quelqu’un, dont il est tombé amoureux. Un homme, un pompier, rencontré à la salle de sports. Elle se focalise totalement sur le fait qu’il s’agisse d’un pompier. Peut-être est ce tout simplement un fantasme ? Sa surprise fait rapidement place à des questions directes et triviales. Cependant, il ne veut pas la quitter, car il l’aime malgré cela. Il veut vivre les deux relations en parallèle. Pas d’accord, elle décide de le quitter, au moment-même où le pompier a décidé de rompre. Deux ruptures dans la même journée, « quel horoscope de merde » ! Après quelques réflexions cinglantes, l’homme contraint sa femme à intercéder pour lui auprès du pompier, la menaçant de la brûler vive après l’avoir arrosée d’essence si elle ne s’exécute pas !
Un enfant
Au début, on ne sait pas exactement de quel « enfoiré » parlent l’homme et la femme. Puis on comprend qu’il s’agit de leur fils, aux bons vouloirs duquel ils sont soumis. Et que leur vie est tout entière soumise à ses diktats. Le problème, c’est qu’il n’a que cinq ans. Même à l’école, ils n’en veulent plus. Incapables de gérer leur enfant, ils retournent l’un contre l’autre leur rancœur. La dispute se calme lorsqu’ils envisagent des solutions pour se débarrasser de lui. Jusqu’à une éventuelle séparation pour n’avoir à le supporter qu’en garde alternée ! Sauf que là encore, c’est lui qui va décider...
Il est à noter que Rémi de Voos n’impose que très peu de didascalies, donnant plutôt des indications sur le rythme. Avec la mise en scène sobre qu’a choisie la compagnie, l’attention est tout entière portée sur le texte, interprété avec brio par les deux comédiens au plateau, qui savent parfaitement communiquer le tragique et l’absurde des situations, et nous tenir en haleine jusqu’au dénouement. Ils évoluent quasiment sans accessoires, dans un décor minimaliste composé de quelques cubes en bois, modulables en fonction du contexte. Les changements de tenues s’effectuent à vue, ce court laps de temps permettant aux spectateurs de reprendre leurs esprits et de se préparer à l’affrontement suivant.
Cathy de Toledo