J'ai trop d'amis
01 août 2021Spectacle de la compagnie du Kairos (75) vu à la Manufacture Intra-Muros, le 23 juillet 2021 à 10h40 dans le cadre du festival Off d'Avignon.
Texte et Mise en scène David Lescot
Interprètes Suzanne Aubert, Charlotte Corman, Théodora Marcadé, Elise Marie, Caroline Menon Bertheux, Camille Roy, Marion Verstraeten (en alternance)
Scénographie François Gautier Lafaye
Assistante à la mise en scène Faustine Noguès
Costumes Suzanne Aubert
Lumières Guillaume Rolland
Genre théâtre
Public tout public à partir de 8 ans
Durée 50 min
Un jeune garçon fait face à ses angoisses à son entrée en 6ème. Il espèrait retrouver ses copains de CM2, histoire de ne pas se sentir perdu, mais le voilà propulsé dans une classe où il ne connaît personne, alors que tous les anciens du CM2 sont en 6ème C ! Et avec ça il va devoir se familiariser avec les codes qui régissent la vie au collège… C’est pas gagné !
Trois comédiennes jouent sur le plateau les six protagonistes de cette histoire, indifféremment garçons ou filles, en utilisant quelques accessoires – casquette, sweat à capuche, lunettes, perruques, pour les différencier.
La comédienne qui ce jour-là incarne le récitant est tout à fait crédible dans son rôle de jeune garçon bon élève de 11 ans, qui fait son entrée au collège pas très rassuré. Autant que les autres comédiennes, elle a su adopter l’habillement, le vocabulaire et la gestuelle, d’ailleurs bien observés, des ados.
Egaré donc dans la 6ème D, notre héros fait connaissance avec Basile, son voisin de table, qui semble être le neuneu de la classe, avec son air ahuri, ses grosses lunettes et sa capuche remontée sur la tête. D’emblée, Basile souhaite savoir s’il est « populaire ». Il ne s’est jamais posé cette question et ne sait même pas ce que cela peut signifier ! Il comprend bien vite qu’il est franchement largué, et la rencontre avec Clarence le leader « populaire » de la classe, ne lui laisse plus aucun doute… Clarence fait en sorte qu’il soit élu délégué, et dans la foulée lui colle son ex-copine Marguerite dans les bras. Bref il décide et organise pour lui, comme pour toute la classe, sans demander l’avis de qui que ce soit .… Les garçons « populaires » ne candidatent jamais aux postes de délégués, c’est la place des « bolosses », sur lesquels ils font pression ensuite. Et notre héros a le profil qui convient... Il n’est pas dans le coup, ,ne connaît rien à la musique que les jeunes écoutent, n’a pas les chaussures à la mode, et même pas de téléphone portable ! D’ailleurs, Clarence lui impose de s’en procurer un au plus vite, il doit pouvoir lui transmettre ses directives à tout moment. Sinon…
Le pauvre garçon ne sait comment se sortir de cette situation. Et contre toute attente, c’est sa petite sœur, qui elle rentre à la maternelle, qui va l’aider à y voir clair, car elle, elle a déjà pigé les codes ! Décidemment, il n’y a plus d’enfants…. !
La scénographie est organisée autour d’une sorte de grande estrade de bois, équipée de trappes et d’éléments modulables qui se déplient et se transforment en tables, bancs, et peuvent ainsi figurer des lieux différents. Les comédiennes évoluent dans et autour de cette structure, qu’elles manipulent à vue, et d’où émergent parfois les protagonistes, tels des pantins d’une boite, en particulier la petite sœur, qui déclenche l’hilarité à chacune de ses apparitions. Il faut dire qu’elle est particulièrement impayable avec ses couettes et ses chouchous, et sa façon de parler bébé, mais néanmoins très avertie... Belle réussite que ce personnage très comique. La mise en scène sobre, les jeux de lumière réduits à l’indispensable, font que l’on se concentre pleinement sur le jeu., et permettent en outre une parfaite adaptabilité du spectacle à tous types de lieux.
Le texte, précis et drôle, n’occulte pas cependant les souffrances auxquelles sont confrontés les collégiens, dont les parents n’ont même pas conscience, car bien souvent, leurs enfants ne parlent pas de leurs difficultés d’intégration au groupe, pas plus que des brimades et du racket. Ils se sentent bien trop nuls…
Heureusement l’histoire de notre héros se termine bien. David Lescot a certainement voulu rester positif et léger, le propos n’étant pas ici d’aborder les problématiques du collège, mais plus simplement de démystifier le passage de l’école primaire au secondaire, quand on redevient « petit », alors qu’on était « grand » au CM2.
Voilà finalement un spectacle qui réjouira jeunes et moins jeunes, peut-être même plus encore les aînés, auxquels il rappelle « le bon temps », même si le monde des ados n’a plus grand-chose à voir avec celui qu’ils ont connu !