Festival Label Rue, Rodilhan (30)
30 sept. 2021Cette année le Festival Label Rue fêtait son 10ème anniversaire de présence à Rodilhan. Porté par l’association EUREK’ART qui soutient la création pour l’espace public et les projets de territoire depuis 25 ans, ce festival représente un temps fort :
deux jours de spectacles dans cette petite bourgade du Gard, une quinzaine de compagnies professionnelles des arts de la rue, des spectacles gratuits, un village d’entresorts en caravanes, des Food trucks et buvettes avec produits locaux.
Cela fait plusieurs années que j’y viens en famille, l’ambiance y est toujours chaleureuse et familiale, les spectacles de qualité, avec une grande variété de propositions, bref une date de rentrée à marquer d’une croix dans votre agenda !
Chimères
Par La Compagnie Mesdemoiselles(49)
Artistes acrobates : Laure Bancillon, Claire Nouteau, Anna Von Grunigen
Artiste musicien : Colin Bosio
Genre : Cirque
Public : tout public
Durée : 35 minutes
Chimères est un spectacle mêlant cirque, musique et danse. Les acrobates de cirque (corde volante, corde lisse, contorsion) nous offrent leurs prouesses, tout en déséquilibre, suspension, désarticulation.
Tantôt seules, tantôt entremêlées comme pour se soutenir….ou rendre l’équilibre encore plus instable ?
Elles ont cette fois décidé de ne pas résister à d’autres sirènes et de s’essayer au chant et à la musique, comme un rêve d’enfant, ou une prise de risque supplémentaire ? Accompagnées par un musicien en live elles n’hésitent pas à mélanger les genres ce qui pourra plaire ou ennuyer.
Pour ma part j’ai accepté l’invitation à rêver.
Made_in
Par La Compagnie Subliminati Corporation (31)
Auteurs : Mikel Ayala, Ilaria Senter
Interprètes : Mikel Ayala, Ilaria Senter
Mise en scène : Virginie Baes
Genre : Cirque/Théâtre
Public : tout public à partir de 8 ans
Durée : 1H
Le propos se passe devant une maison, lors d’un déménagement : l’occasion rêvée pour se replonger dans ses souvenirs d’enfance. Les deux adultes en présence vont reconvoquer leurs jeux, comptines, objets, photos et promener les spectateurs entre ces deux univers. Chacun est invité à regarder à partir de ce qu’il a été ou de ce qu’il deviendra. Double lecture, donc, à hauteur d’enfant ou d’adulte.
La pièce mêle l’utilisation d’un mât chinois, du jonglage (massues et hula-hoop), la manipulation inventive d'objets et de matériaux divers (cartons, papiers, fumées…), la projection, le chant, la musique. On sent que les acteurs-créateurs se sont laissé porter par leurs rêves d’enfants.
Un curieux désordre naît de tout cela. Un désordre poétique qui, tels les souvenirs qui nous ne nous arrivent jamais dans l’ordre et sont toujours réinventés, joue davantage sur l’émotion que sur la démonstration.
Les conditions de jeu n’étaient pas idéales : pas vraiment une maison, vent qui déstabilisait les marionnettes en carton, mais malgré tout j’ai aimé ce voyage au pays de l’enfance, mes propres souvenirs ont accepté la proposition.
Ce spectacle se joue tant en salle qu’en extérieur et doit donc sûrement varier en fonction des contextes.
Johnny, un poème
Par Les Compagnies Gérard Gérard (66) et Rhapsodies Nomades (34)
Porteurs du projet, jeu, écriture, mise en scène : Alexandre Moisecot et Chloé Desfachelle
Pilote de la pelleteuse et jeu : Arnaud Mignon,
Genre : théâtre de rue
Public : tout public à partir de 6 ans
Durée : 1H15
Un spectacle sur Johnny dans un festival de théâtre de rue, on ne s’y attend pas vraiment. Le public n’est donc pas forcément acquis car si on aime le théâtre, osera-t-on (s’) avouer qu’on aime Johnny ?
Alors on y va pour voir, pour sourire et puis la promesse d’un spectacle avec une pelleteuse comme personnage à part entière ça donne quand même envie d’avoir envie !
Et je serai bluffée : quelle énergie !
En même temps c’est normal quand on se rêve Johnny autant y aller jusqu’au bout et allumer le feu. L’arrivée sur scène se fera dans une pelle hydraulique « parce que ça se loue partout, parce qu’un hélico c’est surfait et qu’une Harley c’est trop cher » et le reste y sera aussi : la voix puissante, la musique qui prend au ventre…
Mais il y aura de la contradiction car nous ne sommes pas tous fans de Johnny.
Alexandre, dans Johnny, il y est tombé quand il était petit et il restera toujours le lien indéfectible avec son père. Quant à Chloé, elle a plutôt grandi avec Barbara ; Johnny c’est vraiment ringard.
Alors ils vont se répondre, s’invectiver pendant 1h15. Leurs échanges seront ponctués du discours-hommage d’Emmanuel Macron, de citations de Victor Hugo ou de Virginie Despentes, d’une interview de Lucchini, d’une lettre de Laura Smet et même d’une séquence de l’école des fans.
Parce qu’ils ont tout lu sur Johnny, parce que tout ce qui est raconté est vrai, ou fait partie de la légende (ce qui revient au même !), parce que la voix d’Alexandre porte à merveille les morceaux choisis, alors oui ça fonctionne.
Un dernier mot sur la pelle hydraulique, sûrement un pari fou ou un rêve de gosse. Mais elle est devenue un personnage à part entière, comme une immense marionnette dont la puissance donnera parfois le frisson, pari gagné !
Alors parce qu’on a tous quelque chose à voir avec Johnny, parce qu’on a tous quelque chose à en dire, on se laisse prendre au jeu, et je n’étais vraiment pas la seule !
La beauté du monde, témoignage du 3ème type
Par La Compagnie Qualité Street, Lorient (56)
Comédien : Gildas Puget
Genre : Théâtre
Public : tout public à partir de 10 ans
Durée : 50 minutes
Il est 21h, j’ai déjà vu plusieurs spectacles dans ce très sympathique Festival Label Rue, j’hésite même à rester car j’en ai déjà plein les yeux mais l’ambiance m’invite à ce petit « effort ». Je ne serai pas déçue car me voici embarquée dans l’univers surréaliste de cet illuminé de la protection de la planète.
Un texte ciselé, des expressions et mimiques impressionnantes. Il y a à la fois du Jim Carrey et du Raymond Devos dans ce personnage fantasque. Nous sommes dans le monde de l’absurde, dans un imaginaire totalement débridé et qui malgré tout nous amène à réfléchir sur ce que nous voulons pour l’avenir de notre planète et donc le nôtre. Les aventures rocambolesques de Mickaël Robinet, à la fois drôles et pathétiques, nous transmettent avec intelligence un message puissant et un final où chacun est interpelé.
Un vrai régal, à diffuser sans modération !
L’objetarium
Par La Sphère Oblik (34)
Direction artistique, construction et jeu : Sidonie Morin & Johan Schipper
Genre : Théâtre d’objets en caravane
Public : tout public à partir de 10 ans
Durée : 20 minutes (en continu)
Jauge : 5 personnes
Les caravanes sont devenues un incontournable des festivals. Elles fleurissent sur les terrains et rivalisent tant dans leur décorum que dans l’originalité de leurs propositions.
Mais pour moi c’est toujours avec plaisir et curiosité que je pénètre dans cet espace restreint et clos, me sentant à chaque fois privilégiée car bien souvent des spectateurs qui n’ont pas réservé restent dehors avec leur frustration !
Là encore la découverte est surprenante, poétique, magique. De vieux objets qui reprennent vie grâce à l’imagination et à l’habilité des créateurs. Une femme, telle un horloger équipé de sa lampe/loupe frontale prend minutieusement soin de cet oiseau de fer et de plastique. Dans les vitrines et sur les étagères, trônent de drôles de créatures. Il faut se retourner avec délicatesse, sans se gêner les uns les autres, pour admirer ce « fer-volant », cette « brosse-araignée », ou se laisser émouvoir par ces « objets en voie de disparition » (cassettes audio et autres objets à la fois si proches et si lointains).
Nous participerons délicatement à l’enterrement d’un vieil appareil photo et assisterons à l’envol d’une théière…Je ressors les yeux papillonnant de mes souvenirs d’enfance !
Un beau moment surréaliste et onirique.
GASTON (Grande Assemblée Spectaculaire des Troubadours de l’Orchestre Narratif)
Par La Compagnie Fatras (30)
Genre : Musical
Public : tout public, à partir de 8 ans
Durée : 1H15
En quelques mots : si vous souhaitez donner de la pêche à une soirée, un festival ou tout autre évènement, alors n’hésitez pas.
Un concentré d’énergie, de bons musiciens, du partage, Gaston nous invite à un voyage autour du monde : chaque musicien et donc chaque instrument nous convie dans son univers…
En ce dimanche soir, un moment de clôture du festival vraiment réussie, je repars avec de la fête plein la tête.
Marie-Pierre HUSSON