Battre encore
24 nov. 2021Spectacle produit par Cie La mue/tte (54) et vu au théâtre Mouffetard le 16 novembre 2021.
Mise en scène : Delphine Bardot et Pierre Tual
Interprètes : Delphine Bardot, Bernadette Ladener et Amélie Patard
Genre: Théâtre et marionnettes
Public : à partir de 12 ans
Durée : 1 h
Au tout début de ce spectacle, la poésie des marionnettes, la musique sud-américaine, le violoncelle et le jeu subtil des 3 comédiennes pourraient nous transporter dans un monde imaginaire et bucolique : il n'en est cependant pas question dans la mise en scène de ce conte qui s'inspire d'un drame qui s'est vraiment déroulé : l'assassinat de 3 sœurs « Mariposas », surnom des soeurs MirabaI, dominicaines assassinées par le dictateur Trujillo en 1960. Le spectacle interpelle aussi sur la lutte des femmes et des peuples qui refusent toute forme de dictature.
Dans ce conte, trois jeunes filles sont invitées à un bal donné par un oppresseur avide de s'emparer des plus belles filles du royaume. Dans un tango aussi langoureux qu'inquiétant, les trois comédiennes mènent le bal magistralement, en compagnie de marionnettes grandeur nature, (magnifique moment) mais elles ne se soumettent pas et tentent de résister au monarque et à ses hommes de main. Elles n'y parviendront pas mais la révolte grondera et redonnera voix au peuple d'opprimés et de laissés pour compte.
Le message reste clair : la lutte n'est pas terminée. Tous les peuples opprimés peuvent et doivent relever la tête et ne pas se soumettre à la dictature, même si la mort en est souvent le prix à payer.
Dans tout le spectacle, il n'y a pas besoin de mots pour invoquer la domination et le refus de se soumettre aux dictateurs, tant le langage corporel est « parlant »... Le masculin devient un « corps-objet » dans ce duo dansé qui renverse les clichés traditionnels.
Chaque tableau du spectacle présente une spécificité et une réelle poésie. La musique y tient un rôle prépondérant, Les marionnettes sont stupéfiantes et les comédiennes, parfaites, nous embarquent dans un monde qu'on aimerait juste imaginaire...
Evelyne Karam