Hamlet
Hamlet

 

Un spectacle produit par la compagnie Kobal’t (75) vu le 15 octobre 2021 et le 12 novembre 2021, respectivement au Mac Créteil et au Théâtre des Sources à Fontenay-aux-Roses.

 

Texte : William Shakespear

Traduction, dramarturgie : Clément Camar-Mercier

Mise en scène : Thibault Perrenoud

Comédiens : Mathieu Boisliveau, Pierre-Stefan Montagnier, Guillaume Motte, Aurore Paris, Thibault Perrenoud

Genre : Théâtre

Public : adulte

Durée : 2 H

 

 

Mon ami voulait me faire découvrir la compagnie Kobal’t. Et à travers cet « Hamlet », quelle découverte ! Si exceptionnelle qu’à peine vue, j’ai repris des places en lointaine banlieue pour montrer cette merveille à mes filles et chroniquer.

 

-L’une des grandes forces de la mise en scène tient dans le dispositif scénique : tout est fait pour que le spectateur soit non seulement témoin du drame mais aussi acteur de la farce de la folie qu’Hamlet joue pour piéger son oncle criminel. Aux gradins habituels répondent des volées de gradins en arrière-scène et à cour. Quelques spectateurs sont même invités à prendre place sur le plateau autour de quelques tables disséminées.  A l’angle de l’arrière-scène, côté cour, telle une chaire, une mini-scène qui porte les reliefs du récent mariage fait office de loges pour Horatio et Hamlet. La porte dérobée qui permet l’accès aux coulisses est également mise à contribution. Nulle autre fioriture. Plateau nu, effets de lumière et de sons, costumes plutôt contemporains et place au jeu.

-L’autre réussite du spectacle réside dans le jeu. Les cinq comédiens qui endossent au moins deux rôles (sauf Hamlet) se délectent d’un texte modernisé, cru et qui balance. Tous les registres sont convoqués depuis le fantastique jusqu’à l’outrance vulgaire en passant par l'émotion pure. Il y a une sorte de lâcher-prise hyper-maîtrisé dans un jeu très physique qui sait aussi laisser place au silence. Thibault Perrenoud qui incarne Hamlet mène le jeu dans tous les sens du terme : son interprétation est époustouflante et crée une telle complicité avec le public qu’il  repousse les frontières entre le réel et le théâtral.

- Les mises en abyme qu’affectionne tant Shakespeare sont ici magnifiées. C’est tantôt Hamlet qui exige le silence du public devant le stratagème de sa folie, c’est tantôt un spectateur qui devient « un muet figurant » (la fameuse scène du crâne), c’est encore l’ellipse judicieuse de la fin de la pièce qui offre une dernière occasion de saynète dans la saynète. Traversé d’émotions contradictoires, entre théâtre et réalité, raison et déraison, le spectateur perçoit le monde à l'unisson d' Hamlet.

 

Le « Hamlet » de la compagnie Kobal’t est un grand spectacle et l’inégalé « Hamlet » de Chéreau est, sous une toute autre forme, égalé.

 

 

 

Catherine Wolff

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