Prenez garde à son petit couteau
Prenez garde à son petit couteau

Un spectacle produit par la compagnie l’heure avant l’aube (60) vu le 13 novembre 2021 au Théâtre Monfort.

Texte : D’après Lorenzaccio de Musset

Mise en scène : collective

Comédiens : Céline Fuhrer, Gaëtan Peau, Matthieu Poulet, Jean-Luc Vincent

Genre : Théâtre

Public : adulte

Durée : 1H30

C’est en lisant le programme du Monfort que j’ai vu que « prenez garde à son petit couteau »était monté par des transfuges des Chiens de Navarre. Cette seule information m’a donné envie de découvrir leur création.

Le spectacle s’ouvre sur une tentative de suicide. Laurent, trentenaire brillant, gay, est directeur de cabinet du Ministre de l’économie, Leduc. Ses anciens  rêves d’œuvrer pour un monde meilleur se heurtent à la réalité des coulisses de la politique et le mènent à cette extrémité. La suite de la pièce opère donc comme une sorte de flashback. Dans l’huis-clos du cabinet de Leduc se dévoile le marigot cynique du pouvoir.

Cette farce politique est portée par quatre comédiens dont le plaisir à jouer un texte acide et cru est évident. Mention spéciale à Céline Fuhrer en Mata-Hari de la com. et à Jean-Luc Vincent le bien nommé Cardinal, directeur du Trésor.

Le décor - par les entrées qu’il permet, le rapport entre le monde clos des magouilles et l’espace public qu’il suggère - est judicieux : une grande table ovale de réunion, une porte calfeutrée à jardin, des cloisons de bois parfois ouvertes et habillées de rideaux. Néanmoins, il émane de ces éléments un je ne sais quoi de suranné qui tend à inscrire l’action dans les années soixante alors que les différents objets connectés disent bien la contemporanéité de la satire.

J’ai eu bien du mal à entrer dans la pièce alors que les rires fusaient autour de moi. Il faut dire que je n’étais pas dans le mood. Le simple fait que je sois sortie détendue du spectacle prouve qu’il est de qualité. Et puis c’est si rare et si important de voir un spectacle politique. Nul besoin de savoir que l’ensemble repose sur « Lorenzaccio » de Musset. L’essentiel réside dans le message véhiculé au-delà du rire de l’outrance : un appel désespéré au respect du contrat social. Les applaudissements ont été nourris, preuve que l’appel a été entendu.

 

Catherine Wolff

Retour à l'accueil