La Villette.

La Villette.

Age of rage

Un spectacle produit par  l’internationaal Theater Amsterdam vu le 1 décembre 2021 à la Grande Halle de la Villette.

 

Texte : d’après Euripide et Eschyle

Mise en scène : Ivo Von Hove

Chorégraphie : Wim Vanderkeybus

Scénographie et Lumières : Jan Versweyveld

Musique : Eric Sleichim

Comédiens : Achraf Koutet, Aus Greidanus jr., Chris Nietvelt, Gijs Scholten van Aschat, Hans Kesting, Hélène Devos, Ilke Paddenburg, Janni Goslinga, Jesse Mensah, Maarten Heijmans, Majd Mardo, Maria Kraakman, Birgit Boer.

Danseuses : Bai Li Wiegmans, Flory Curescu, Emma Hanekroot

Musiciens : Bl !ndman, Hannes Niewlaet, Yves Goemaere, Ward Deketelaere

Genre : Théâtre, danse et musique

Public : adulte

Durée : 4 H

 

 

« Age of rage » avait doublement retenu mon attention dans la programmation de la Villette : l’histoire des Atrides monté par Ivo Von Hove que je croyais, à tord, issu du TG-Stan laissait présager une belle aventure théâtrale. Mon ressenti est plus mitigé mais il est sujet à caution dans la mesure où il ne porte que sur la première partie.

 

Ivo Von Hove a réalisé un montage de six pièces d’Euripide et d’une d’Eschyle. En quatre heures, il synthétise l’histoire, la retranscrit surtout du point de vue des femmes et en facilite l’intelligence par la projection récurrente de la généalogie.

A l’ambition narrative répond l’ambition scénographique. C’est une très grosse machine : quinze comédiens-danseurs, quatre musiciens, un plateau immense que sépare en deux dans la longueur une cloison en métal ajouré qui dissocie l’extérieur de l’intérieur et fait office de support pour les projections. En avant-scène, on compte encore deux tours ainsi que les cintres, également mis à contribution. A ces éléments fixes, s’ajoutent force lumières, fumigènes, braseros et sang. Le ton de la fureur est donné.

Le spectacle abonde en belles trouvailles : c’est d’abord le bruit lancinant du sang qui coule, c’est l’ironie de 3 meuleuses qui servent à aiguiser les couteaux des sacrifices. C’est aussi la bitte d’amarrage de la première scène qui symbolise, à elle seule, l’armada en partance pour Troie mais qui devient, dans ce but, autel sacrificiel d’Iphigénie. Une fois immolée, l’image de la comédienne qui danse en robe rouge dans l’Ether est projetée. Et l’image se démultiplie à mesure que les enfants des héros, grecs ou troyens, sont sacrifiés. C’est encore cette image de Tantale qui traverse le plateau en rappelant sa malédiction, à contre-jour et dans un nuage de fumée. C’est enfin ces chorégraphies sauvages qui ponctuent les différents épisodes.

Mais à titre personnel, j’ai du mal avec ce type de grosses machineries. Elles sont plastiquement superbes mais tendent à écraser le jeu. Et à part la comédienne qui interprète Hécube, l’émotion n’est pas au rendez-vous. A décharge du projet, c’est peut-être un problème de langue. En principe, j’évite les spectacles sur-titrés. En l’occurrence, ma confusion sur le parcours d’Ivo Von Hove m’avait induite en erreur. Pis, le sur-titrage est ici si mal placé et la police si petite qu’on s’épuise à lire. L’effort était tel que la migraine est venue et que j’ai quitté les lieux à l’entracte.

 

La première partie d’« Age of rage » est spectaculaire au sens littéral. C’est plaisant mais ce n’est pas uniquement cela que je viens chercher au théâtre.

 

 

 

 

 Catherine Wolff

 

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