Non-crédité sur le site de la comédie de Caen

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Visions d'Eskandar

 

Un spectacle produit par le collectif Eskandar (14) vu le 10 juillet 2021 au 11 à Avignon dans le cadre du festival OFF (84).

 

Texte et mise en scène : Samuel Gallet

Interprètes : Caroline Gonin, Jean-Christophe Laurier, Pierre Morice, Aëla Gourvennec et Mathieu Gouli

Musique : Mathieu Goulin et Aëla Gourvennec

Lumière : Adèle Grépinet

Genre : théâtre

Public : adulte à partir de 10 ans

Durée : 1H05

 

 

Plateau noir, lumière bleue, acteurs pâles, tension palpable. Cinq interprètes, trois micros, un violoncelle. Pas de révolution scénographique : ici, les projecteurs font feu sur le texte. Une langue particulièrement sur-articulée jonchée de mots jetés crachés proférés qui rythment cassent et relancent les phrases en tous sens en faisant fi d'une ponctuation habilement remplacée par les coups portés aux cordes du violoncelle. Une langue qui ne cligne pas des yeux.


C'est qu'il ne s'agit pas d'hésiter : aujourd'hui est jour de mort. Mickel, architecte utopiste dans un siècle cynique, sombre au fond de la piscine par temps de canicule. Everybody, caissière érotomane de ladite piscine (comme tout le monde), laisse aller sa tempe au réconfort du revolver. D'autres voix se mêlent aux leurs. La ville est remplie de celles des Érinyes d'un soir, amantes jalouses, antifascistes. Tous sont prêts à en découdre. Seuls quelques uns savent coudre.

Moment de bascule. On était au bord de... et soudain on se retrouve de l'autre côté. La seconde partie de la pièce fait se rencontrer les personnages dans le monde onirique d'Eskandar. Bon. Course-poursuite, cavalcade, cauchemars sur pattes, souvenirs reconstitués. Bon. Des négatifs jonchent le sol, souvenirs en creux d'une vie dans laquelle Mickel et Everybody se seraient connus. Bon. Dans cet entre-monde où tout devrait être fluide et mouvementé, je ressens comme un flottement, une inertie. Où allons-nous comme ça ? Comme un surplace sur l'autoroute devant les robes de l'hôpital dans lequel les corps de Mickel et Everybody attendent leurs âmes. Comme une succession d'éveils et de révélations qui n'en seraient pas vraiment. Peut-être faut-il avoir vu les deux autres volets de la trilogie pour faire de ces dessins d'enfants des tests de Rorschach ? Ou peut-être qu'au contraire j'ai trop tenté de comprendre le texte, au lieu de me laisser porter par la musique dont il n'était sans doute que la ponctuation...

J'aurai aimé voir, vraiment boire cette piscine et ces visions d'Eskandar. Les sourires qui sortaient de la salle m'ont dit que j'étais bien le seul à ne pas avoir été embarqué dans la catabase, et c'est à grand regret.

Mathieu Flamens

 

 

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