CAR/MEN
CAR/MEN

Spectacle produit par la Cie La feuille d'automne – Les Chicos Mambo (75) et vu au Théâtre Libre le 14 janvier 2022.

Mise en scène : Philippe Lafeuille assisté de Corinne Barbara

Création Vidéo : Do Brunet 

Création Musicale : Antisten

Lumières : Dominique Mabileau assistée d’Armand Coutant

Costumes : Corinne Petitpierre assistée d’Anne Tesson

Avec les danseurs : Antoine Audras, François Auger, Antonin «Tonbee» Cattaruzza, Phanuel Erdmann, Jordan Kindell, Samir M’kirech, Jean-Baptiste Plumeau, Stéphane Vitrano et Antonio Macipe en alternance avec Rémi Torrado

Genre : Danse et chant

Public :  tout public à partir de 10 ans

Durée : 1h20

 

Carmen, opéra tragique de Bizet fut adapté maintes fois avec plus ou moins de talent mais Philippe Lafeuille, lui, l'a modernisé sans pour autant le dénaturer. L'ouvrage se voit revisité par huit danseurs et un chanteur virtuose avec fantaisie, tendresse et surtout dérision...

C'est une vision très personnelle et réjouissante qui m'avait déjà emballée avec la précédente création de Philippe Lafeuille, « TUTU » dans ce même Théâtre libre. Ce Car/Men là, tout en restant  un ballet, multiplie les pas de côté : le respect de l'oeuvre originale de Bizet est, disons, relatif, car il mêle la beauté visuelle à la loufoquerie. Tout commence pourtant à Séville, avec ses robes de flamenco et la musique originale de ce mythique opéra. Mais tout est détourné : les costumes de toréros outrageusement pailletés, les énormes castagnettes placées sur l'entrejambe des 8 danseurs ne constituent que quelques-unes des facéties humoristiques que se permet le chorégraphe. Il faut dire de plus que Carmen est … un homme, bien sûr ! Vrai chanteur lyrique, Rémi Torrado interprètera un Don José et une Carmen avec le même brio. Encore une fois, les Chicos Mambo se jouent des codes de la virilité ; et ne proposent rien qui ne soit beau à voir ni amusant à vivre. Le récit souvent désopilant sera souvent ponctué par des solos émouvants remplis de poésie et sublimés par le talent de ces danseurs hors pair.
Les artistes ont beau jouer de leur féminité, (je n'ai jamais vu des hommes porter aussi bien la robe ou la jupe en tulle!) leur virilité reste néanmoins très affirmée : pour preuve ce magnifique solo de Samir M 'Kirech qui danse de dos, totalement nu. Aucune vulgarité dans cet exercice, marqué par le talent et la grâce...impressionnant de poésie.

La fin du spectacle sera ponctuée par la prestation du chorégraphe himself qui parvient en 2 secondes à « Carméniser » son public : nous nous sommes levés pour une « hola » unanime sur la valse lente de Chostakovitch.
Plaisir et partage, tous différents et tous unis, le message est très, très bien passé...

 

 

Evelyne Karam

 

 

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