L'histoire de l'humanité
29 avr. 2022Un spectacle de Weyland & Compagnie (95) vu par deux chroniqueurs le 27/04/2022 à 10h30 dans le cadre du Printemps du Off à l’Archipel Théâtre d’Avignon (84) et chroniqué à quatre mains.
Écriture : Jean-Pierre Weyland
Distribution : Alan Tallec et Jean-Pierre Weyland
Direction d'acteurs : Marie-Eve Weyland
Public : Très jeune public (3-8 ans)
Durée : 45 minutes
Ce spectacle a été vu dans le cadre du 1er Printemps du Off, nouvelle forme avignonnaise qui permet aux compagnies du Off 2022 de présenter leur spectacle. Dans cette petite forme réalisée devant 2 enfants et une dizaine d’adultes, l’exercice n’était pas évident.
Dans la salle, les deux clowns au nez rouge accueillent le public sans chichi, avec de faux airs de Laurel et Hardy. L’un fait mine d’avoir le trac. Sans plus tarder, ils avancent sur scène et introduisent la pièce. Sur scène, un paravent rouge unique permet des entrées et des sorties des comédiens, pour un spectacle susceptible d’être joué n’importe.
Le propos de la compagnie est d’offrir un panorama de l’histoire de l’humanité, façon clownesque, pour un très jeune public à partir de 3 ans. Joué en 5 tableaux, ce spectacle nous y plonge « en toute simplicité » comme annoncé. En France, de la Préhistoire à l’avènement des Droits des Enfants, en passant par le Moyen-Âge, le règne de Louis XIV et la Révolution de 1832 racontée au prisme des Misérables, de Victor Hugo, ces épisodes historiques nous sont présentés à travers des scènes de la vie reprenant les clichés de l’époque. On retiendra les tyrannosaures, les mammouths, Lucie, la jeune fille préhistorique et la découverte du feu, que les enfants ont devinés dans le jeu de questions des clowns au public d’enfants.
Je salue l’aisance et la facilité de l’interaction entre les clowns et les enfants. Ils parlent également de chevaliers, d’une princesse, de la conquête par les Anglais en se moquant du « Tea Time » avec un comique de répétition qui fait rire. Ils évoquent l’injustice de la condition des travailleurs à travers Cosette et Gavroche. Tout cela en finissant sur une « surprise » adressée aux enfants : le droit de jouer, le droit de rêver, le droit d’aller à l’école et de manger à sa faim ; pour faire contraste aux époques précédentes.
Je regrette par ailleurs un manque de regard critique sur la condition des femmes et de profondeur historique, malgré la revendication ouverte d’une « clownerie vaguement historique ». Je relève quelques inexactitudes historiques, qui, je pense, sont diminuées par la volonté de légèreté : si le mammouth a coexisté avec l’homme, ce n’est pas le cas des dinosaures qui en sont séparés par 65 millions d’années, le feu a été découvert et non inventé (mais surement pourrait-on dire que les humains ont inventé une technique pour le produire).
Le duo fonctionne et le choix des costumes à deux balles, simples et amusants, font le job malgré le faible nombre d’enfants, l’interaction marche, en particulier par le rire des enfants qui suivent facilement l’histoire. Ce spectacle, commandé à l’origine pour des maternelles et joué depuis 10 ans, fonctionne. Pour notre part, nous aurions apprécié une proposition pédagogique plus forte et un travail sur la vision plus problématique de l’épisode moyenâgeux avec la princesse et le seigneur anglais. Néanmoins, c’est une petite forme qui permet d’accompagner un travail de la part des enseignants ou des parents.
Eric Jalabert