Olympicorama, le quatre couple sans barreur·se
14 juin 2022Un spectacle produit par la Compagnie Vertical Détour (93) vu le 13 juin 2022 à la Villette.
Texte : Frédéric Ferrer
Comédiens : Frédéric Ferrer
Genre : Conférence gesticulée
Public : tout public
Durée : officiellement 1H30 (mais 2H ce soir)
Grâce à Frédérique Ferrer et à son projet fleuve « d’Olympicorama », ma session de rattrapage en culture sportive se poursuit. Au programme de ce soir, l’aviron.
La conférence gesticulée de Frédérique Ferrer procède toujours du même principe. A cour, un pupitre avec ordinateur pour la conférence gesticulée. A jardin, un coin interview pour l’accueil, en seconde partie, de sportifs de haut niveau, spécialistes de la discipline. En fond de scène, un écran.
Le déroulé suit également un cadre unique : un rappel du projet pour les néophytes (de moins en moins nombreux), un résumé de l’Olympisme qui est l’occasion d’étriller au moins une première fois Pierre de Coubertin, puis la présentation de la discipline dans toutes ses dimensions. Ce soir, cerise sur le gâteau, nous avons eu le droit à l’exposition d’une discipline olympique oubliée, le polo-bicyclette. Non, non, comme le tir au cerf courant, présenté lors de la soirée sur le 100m, ce n’est pas un canular. Ce sport improbable est la version prolo-revendiquée de ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir un cheval.
Ce qui fait toute la saveur de ces conférences, c’est l’érudition assortie d’une vision globale qui légitime ce beau raccourci : « Olympicorama questionne le monde ». Avec l’aviron qui est « le seul sport où l’on avance à reculons », nous naviguerons vers d’autres contrées pourtant intimement liés à la fameuse rame : en Indonésie où la navigation semble être née en 65000 avant J-C, en Angleterre où Thomas Doggett aurait créé la discipline, au XVIII°siècle en hommage au waterman qui lui aurait sauvé la vie, en France où Alice Milliat a milité contre Pierre de Coubertin (encore lui !) pour ouvrir le sport de haut niveau aux femmes, etc.
Ce qui fait de ces conférences un moment de théâtre, c’est l’humour. Omniprésent. Dans la gestuelle et le débit débridé, dans les powerpoint obsessionnels, dans les formules imparables, dans la mise en scène de soi en apprentis avironneur.
Cette séquence a été menée sous les directives des deux invités de la soirée : Bertrand Vecten, multimédaillé et président de l’association des internationaux d’aviron et Hélène Lefèbvre 15 fois championne de France et de retour des JO de Tokyo. Le propos est riche et confirme l’extrême dureté de ce sport qui entend s’affranchir du métabolisme humain.
« Olypicorama », dans l’épisode de l’aviron, me conforte dans deux idées : qu’il est plaisant de combler ses lacunes avec Frédérique Ferrer ; mais qu’il est plaisant de le faire en salle ! Moi qui voyais en l’aviron une sorte de canotage bucolique, je m’effraie que l’on puisse s’infliger une telle souffrance pour simplement se surpasser. Prochaine résolution, retourner en salle de théâtre !
Catherine Wolff