Débrayage
07 juil. 2022Spectacle de la Compagnie Libre d’esprit (59) – coproduction Motra / Label Epique – vu à la Chapelle des Italiens, le mercredi 6 juillet 2022 à 21h45 dans le cadre du Festival Off d’Avignon Relâches : 12, 19, 26 juillet
De : Rémi De Vos
Mise en scène : Nikson Pitaqaj
Avec : Lina Cespedes, Henri Vatin, Anne-Sophie Pathé, Mirjana Kapor, Daniel Fernandez, Pierre-Olivier Fernandez, Salvatore Caltabiano, Christopher Mampouya, Naïma Gheribi
Genre : Théâtre contemporain
Durée : 1h15
Premier spectacle de ce Off 2022, avec une générale dans la chapelle des italiens. Dans les rues en venant au théâtre, après la parade à laquelle j’assiste pour la première fois, je sens l’envie et le plaisir monter dans cette chaleur estivale qui ne fait que commencer.
Alors, j’ouvre le festival par un spectacle sur le travail… Et pourquoi pas ?
Nous sommes accueillis par un duo guitare violon (El Duo Fernandez) qui apporte une ambiance chaleureuse et tranquille sur ce grand plateau vide, alors que le public s’installe.
Débrayage nous propose dans un rythme très soutenu, une succession de scènes autour du travail et le rapport que chacun entretient avec. Les personnages n’ont pas de noms, portés par cet anonymat des témoignages récurrents. Chaque scène, indépendante, nous offre un prisme spécifique, allant des pressions politique des régimes totalitaires, à la différence de perception selon les générations, ou du cadre en dépression chargé de dégraisser les entreprises au point de terminer par lui-même. Vous l’aurez compris, le travail n’y est pas à son avantage !
C’est un texte provocateur, qui donne un rendu très théâtral et contemporain, avec quelques excellents comédiens, et porté par une mise en scène aérée et rythmée. Cela rend l’ensemble « léger », car justement nous savons que c’est du théâtre. Mais si c'est du lourd ! C’est une ambiance très particulière qui est installée, avec un équilibre fragile, mais réel, et la touche musicale du duo Fernandez n’y est pas pour rien.
Ces scènes se dégustent comme un bonbon acidulé qui pétillent sous la langue et nous offre des moments de théâtre unique. La sortie éruptive sur Marx (formidable Salvator Caltabiano) qui nous rappelle que « les acquis, c’est pas inné ! », ou la scène finale où les neuf artistes-interprètes se retrouvent dans une salle d’attente ou la parole se répand (Bravo à Henri Vatin) m’ont amené des sensations que je ne connais qu’au théâtre.
Le spectacle est suivi par un autre spectacle, intitulé « After Débrayage » (à 23h05), qui traite toujours de la question du travail, mais sous un autre angle de vue. Une plongée du réel dans la fiction, ou chacun joue son propre rôle... surprenant.
Mais pour ne pas vous gâcher la surprise, je ne vous en dirais pas plus.
Bon festival,
Eric Jalabert