Entre chien et loup
24 juil. 2022Spectacle de la compagnie Machine double (84) vu au théâtre de l’Isle 80 le samedi 23 juillet à 15h50 dans le cadre du festival Off d’Avignon. Jusqu’au 27 juillet. Relâche le 26.
Auteur : d’après Jack London
Mise en scène : Charlotte Micheneau Woehling
Interprètes : Florian Martinet, Charlotte Micheneau Woehling
Genre : Théâtre-Marionnette
Public : à partir de 8 ans
Durée : 45 min
L’isle 80 est un de ces petits théâtres Avignonnais, très présent et vraiment « permanent ». Il accueille sur son plateau des compagnies en résidence tout au long de l’année et essaie de les accompagner au mieux. Par ailleurs, sa directrice Chantal Raffanel est très impliquée dans la vie locale, notamment dans le cadre de Rosemerta, centre d’accueil de mineurs isolés et familles en exil à Avignon.
Sans bien sûr qu’il n’y ait de lien, je suis allé y voir le spectacle d’une compagnie avignonnaise sur le thème « liberté et servitude », une création inspirée de Croc Blanc et de l’appel de la forêt (avec Buck le Chien et l’univers du Grand Nord cher à Jack London).
Le plateau est envahi d’un tissu blanc translucide et floconneux, nimbé d’une lumière très « entre chien et loup », pendant qu’une voix off nous plonge dans ce grand Nord qui se présente à nous : « Nous sommes dans le monde du wild … Il faut tuer et manger…. Il y a les chasseurs et les chassés ». Les comédiens alternent jeux et narrations, accompagnés seulement par deux têtes en papier mâché : Croc Blanc le loup et Buck le chien.
On y suit le cheminement croisé du jeune louveteau qui se laisse happer par les bienfaits de la civilisation et de Buck le chien qui souhaite s’en émanciper. Leurs gestuelles, notamment quand ils marchent à quatre pattes derrière les tissus, apportent un rythme et une atmosphère inquiétante. Visuellement très réussi, la structure avec cet immense tissu blanc offre pendant tout le spectacle des tableaux magnifiques, grâce à une ingénieuse mise en scène. Tantôt attelage, brouillard, feu, tipi, lumière céleste… ce dispositif habille l’ensemble du spectacle. Ils ont ainsi retranscrit visuellement sur scène cette particularité du terme « entre chien et loup » : moment de la journée où l’on ne peut pas distinguer le chien du loup, le domestique du sauvage. [Larousse]
Pour ma part, la tension parfois très forte de certaines scènes, comme le combat des deux chiens mériterait quelques pauses dramatiques pour offrir quelques espaces de respiration.
J’ai pu assister à une belle incursion dans le monde de Jack London, avec un noir et blanc très présent, et une atmosphère qui m’a entraîné loin de la chaleur d’Avignon !
Une proposition très originale à découvrir.
Eric Jalabert