LE MANTEAU
22 juil. 2022Spectacle de la compagnie Dessous de Scène (06) vu au Théâtre Carreterie, le 18 juillet 2022 à 16h05, dans le cadre du Festival OFF d'Avignon.
D’après une nouvelle de Nicolas Gogol
Adaptation et mise en scène : Serge Arnaud
Interprète : Nicolas Houssin
Mise en lumière : Sabina Cravotta,
Scénographie : Liliane Grau
Genre : Théâtre - Clown
Public : à partir de 8 ans
Durée : 1 h
L’invitation et le teaser qui m’ont été adressés ont suscité mon intérêt pour cette courte pièce adaptée de manière burlesque d’une nouvelle de Nicolas Gogol.. J’ai donc saisi l’occasion. Le théâtre est complet pour cette dernière représentation du Manteau.
On n’entend que le grattement de la plume sur le papier… Akaki Akakievitch est en train de travailler à ses copies d’actes. Il exerce avec zèle sa profession de copiste dans un ministère dont nous n’aurons jamais le nom, en butte permanente aux moqueries et vexations de ses collègues. Il se décrit comme un fonctionnaire sans envergure, un petit bonhomme au visage grêlé, au crâne chauve, le visage ridé. Son existence se partage entre son bureau, sa modeste demeure, dans laquelle il rentre le soir manger rapidement un maigre repas, après lequel il s’emploie encore à copier n’importe quel texte, tant son travail de copiste occupe toute sa vie. Tout dans son logement n’est que petitesse et la scénographie choisie tend à souligner l’existence étriquée du personnage : pièces de vaisselle minuscules, lit trop court... Enfin rien n’est vraiment drôle dans la vie d’Akaki… L’espace scénique est divisé en trois zones : le bureau, l’appartement d’Akaki et l’atelier du tailleur.
Dans un pays où le froid est votre pire ennemi, le pauvre homme ne dispose que d’un vieux manteau rapiécé, que le tailleur Pétrovitch refuse de réparer encore… Il doit envisager sérieusement d’acquérir un nouveau manteau, pour lequel il décide d’économiser kopek après kopek... Mais ce nouveau vêtement modifie son comportement et le propulse dans le camp des « nantis ». De retour d’une soirée organisée par son chef pour fêter le nouveau manteau, il se fait agresser et voler son vêtement. Il va demander de l’aide au commissaire, qui se moque de lui et ne fait rien pour l’aider. Il finit par mourir de froid… Mais son fantôme va revenir détrousser les passants et tourmenter le commissaire, réclamant qu’on lui rende son manteau !
Nicolas Houssin, clown de formation, n’hésite pas à forcer le trait et à « mouiller » la chemise (au propre comme au figuré, pas difficile avec la chaleur ambiante, sous les spots et le manteau sur le dos !). Ses mimiques très expressives, sa capacité à rouler des yeux, sa façon de manger son repas comme un chien, le nez dans l’assiette, de plonger son visage dans la farine pour se transformer en spectre, confèrent un côté burlesque à cette nouvelle grinçante, faisant de cette proposition un spectacle susceptible d’intéresser le jeune public.
Les adultes bien sûr y verront la satire tendant à dénoncer les dérives d’un régime totalitaire cruel, où les fonctionnaires sont soumis à la hiérarchie, où les individualités sont écrasées, où chacun essaye de profiter du système pour son propre compte.
Bref une jolie découverte et un bon moment de théâtre.
Cathy de Toledo