Madame Ming

DP compagnie Atelier théâtre actuel

Spectacle de la Compagnie Atelier Théâtre Actuel (75), vu le 20 juillet à 15h30 au Théâtre Actuel, dans le cadre du Festival OFF d’Avignon off 2022, du 7 au 30 sauf le lundi.

Auteur : Eric Emmanuel Schmitt « Les dix enfants que Mme Ming n’a jamais eus »

Adaptation et mise en scène : Xavier Lemaire

Avec : Isabelle Andréani, Benjamin Egner, Pascale Blaison (marionnettiste) et Elsa Moatti (violoniste)

Décor : Caroline Mexme

Lumière : Didier Brun

Création Marionnettes : Pascale Blaison

Création musicale : Elsa Moatti

Genre : Théâtre contemporain

Public : à partir de 12 ans

Durée : 1h25

Le seul nom d’Eric Emmanuel Schmitt donne envie d’aller voir tout spectacle adapté de l’un de ses livres. En l’occurrence, le titre du livre « Les dix enfants que Mme Ming n’a jamais eus » est en lui-même tout un programme...   Et quand la proposition émane de l’Atelier Théâtre Actuel, on ne saurait s’en priver !

Un homme d’affaires qui se rend fréquemment en Chine pour acheter des jouets, lie connaissance avec Madame Ming, dame pipi au Grand Hôtel de Yunaï où il a l’habitude de séjourner.

Un jour, au moment de laisser un pourboire, une photo représentant deux enfants s’échappe de son portefeuille. C’est le prétexte à échanger sur leurs progénitures respectives... Et Mme Ming va lui révéler qu’elle a eu dix enfants… Ce qui l’étonne dans un pays qui n’autorise qu’un seul enfant par couple, sauf cas très exceptionnels… Comme il n’en croit pas un mot et que Mme Ming lui a révélé avoir travaillé dans l’usine où il se fournit en jouets, il va se renseigner auprès du directeur qui lui confirme en effet que Mme Ming a bien eu dix enfants. La direction avait en effet mené une enquête et trouvé des preuves de l’existence de ces enfants…. Le cas de Mme Ming suscitait des jalousies au sein du personnel, tant et si bien qu’elle avait été licenciée.

Une structure de bois noir épurée d’inspiration vaguement chinoise, occupe le centre de l’espace scénique, flanquée de chaque côté d’un escalier amenant à une plateforme. Dessous se trouve les toilettes de l’hôtel, le domaine investi par Mme Ming, en kimono bleu et chignon chinois, espace dont elle ne bougera pas contrairement à l’homme d’affaires qui effectuera des va et vient, d’un rendez-vous professionnel à l’autre, tout en faisant des pauses régulières aux toilettes…

C’est sur la plateforme que se déroulent les entretiens de l’homme d’affaires avec ses homologues chinois.  Et c’est là aussi qu’apparaissent les enfants de Mme Ming qu’elle évoque les uns après les autres avec détails, au gré des « visites » de l’homme d’affaires. Plus vrai que vrai ! Tous jusqu’au neuvième, sont représentés par des très belles marionnettes de grande taille, « portées » ou manipulées par Pascale Blaison.

En parallèle, on assiste aux démêlées amoureuses (torrides…)  de notre bonhomme, toujours sur la même plateforme ! Irène, sa fiancée, n’est autre que la violoniste qui accompagne tout le spectacle en live, moulée dans une belle robe rouge, arpentant tout l’espace scénique,  et abandonnant ponctuellement son  violon pour endosser le rôle d’amoureuse …

Les échanges entre l’homme d’affaires et Mme Ming, émaillés de pensées de Confucius (ou en tous cas très similaires !) de la part de l’une, et de nombreux commentaires en aparté de la part de l’autre, vont l’amener à réfléchir sur son propre rapport aux femmes, et surtout aux enfants, ébranlant ses certitudes.

Un jour enfin, Mme Ming lui annonce qu’il va faire la connaissance de Ting Ting, sa dernière fille, qui doit lui rendre visite le lendemain…

La mise en scène très esthétique, le propos qui s’appuie sur l’écriture ciselée d’Eric Emmanuel Schmitt, l’environnement musical poétique dispensé par la violoniste, les magnifiques marionnettes très expressives, et bien sûr des comédiens extrêmement talentueux, tout concourt à faire de ce spectacle plein d’humour un grand moment de théâtre très réjouissant.

Cathy de Toledo