Crédit photos : Compagnie Ito ita
Crédit photos : Compagnie Ito ita

Crédit photos : Compagnie Ito ita

MADEMOISELLE GAZOLE

Spectacle de la compagnie Ito ita (92) vu au théâtre La Luna, le jeudi 28 juillet à 10h00 dans le cadre du festival Off d’Avignon. Relâche les mardis. Première à Avignon.

 

De : Nicolas Turon

Mise en scène : Laura Zauner, Georges Vauraz

Interprète(s) : Laura Zauner, Georges Vauraz

Régie plateau : Flavien Rousselet

Régie : Mélanie Wojylac

Compositeur : Luca Gaigher

Création Lumières : Denis Koransky

Genre : Marionnettes

Durée : 50 mn

 

Depuis l’Antiquité, il existe des poupées articulées qui ont accompagné les hommes dans les cérémonies religieuses d’abord, puis pour leur divertissement. Aujourd’hui, les marionnettes ont une place importante dans les représentations théâtrales, et sont, par essence indissociables de leur manipulateur. Le métier de marionnettiste a cela de fascinant qu’il donne une âme et une personnalité à un objet inanimé. Mademoiselle Gazole rend un bel hommage à l’un, comme à l’autre.

 

Les rideaux s’ouvrent sur un ascenseur dans lequel discutent deux personnages : Un homme rappelle à une petite fille les dernières recommandations pour sa prochaine mission. La petite fille c’est Mademoiselle, l’un des plus brillants agents d’une société de location d’enfants. L’homme c’est Monsieur Gazole, son tuteur, celui qui la prépare à ce qu’on attend d’elle et qui définit, sur ordre du grand patron, ses attributions. Nous sommes dans un monde où les adultes louent les enfants juste pour les bons moments : une partie de cache-cache, un anniversaire, une soirée câline…. Mademoiselle s’acquitte avec sérieux à toutes les tâches, mais commence à se poser des questions : Existe-t-il des adultes qui ont des enfants pour toute la vie ? Monsieur Gazole est bien embarrassé pour répondre, il lui semble bien qu’il y a longtemps, il y avait des parents…. Puis arrive une mission spéciale qui, certes va apporter beaucoup d’argent à la société, mais s’avère dangereuse pour l’enfant. Cette expérience et la curiosité de l’enfant vont remettre en cause l’ordre établi.

Ce conte est prétexte à pointer du doigt la condition de l’enfant à qui il est si simple de voler l’innocence pour faire valoir ses propres ambitions : En faire un petit être obéissant aux caprices des adultes.

Le coup de génie de l’auteur tient dans le fait que Mademoiselle soit une marionnette : Cela renforce le sentiment du public que l’enfant est totalement manipulée et pas du tout libre de ses faits et gestes.

J’ai beaucoup aimé ce dialogue marionnette/comédien qui ajoute une dimension poétique au conte. J’ai tout particulièrement apprécié que la marionnettiste soit visible, même si sa manipulation est si précise qu’on a l’impression que Laura Zauner et Mademoiselle ne font qu’une. Georges Vauraz est étonnant dans le rôle d’un Monsieur Gazole, véritable funambule sur la corde des émotions, penchant d’un côté de la retenue que lui impose sa fonction et oscillant  de l'autre vers son affection frémissante pour Mademoiselle.

Une mention spéciale aussi pour les décors que les comédiens et le régisseur plateau déplacent, telle une danse, au rythme de l’histoire.

On reconnaît quand spectacle est réussi :Il résonne en chacun de nous. Mademoiselle Gazole est l’un d'eux car elle parle à tous : Aux adultes qui ont encore un peu d’enfants en eux, et aux enfants qui deviendront un jour adultes. Alors…. Plus d’hésitation : Allez à la rencontre de Mademoiselle….

 

Myriam Chazalon

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