Le pouvoir des filles
03 août 2022Spectacle de la Compagnie Mojgan’arts (77), vu le 18 juillet à 13h10 au Théâtre du Centre, dans le cadre du Festival OFF d’Avignon off 2022, du 6 au 30 sauf le mardi.
Chorégraphie : Iris Mirnezami
Interprètes : Iris Mirnezami, Maud Noharet
Création musicale : Jo Zeugma
Créateur Vidéo : Simon Birman
Genre : Danse et arts visuels
Public : à partir de 6 ans
« Mêlant danse d’inspiration traditionnelle et écriture contemporaine, théâtre d’objets, vidéo, musique originale, cette création est une mise en lumière de la voix bridée des filles et des femmes en devenir » (extrait dossier présentation)
Accrochés à des pendrillons noirs, un impressionnant mur de cartables dessinés en noir et blanc occupe le fond de scène. Une fillette se prépare gaiement pour aller à l’école. Sa joie sera de courte durée. A peine est-elle dans sa classe attentive à ce que dit la maitresse, qu’on entend des bruits de bottes. Une horde d’ombres noires, projetées en vidéo sur le mur de cartables, s’abat sur la ville, détruisant tout sur son passage. Des mains tentaculaires essaient de saisir la fillette. Le mur de cartables s’effondre comme les murs de la ville. L’école et les livres ont disparu... C’est le chaos. Les fillettes sont renvoyées chez elles et doivent se cacher dans l’intimité de leur chambre pour pouvoir ouvrir un livre. Belle évocation avec un voile blanc tendu derrière lequel on aperçoit de discrètes silhouettes occupées à lire...
Ce spectacle de danse sans paroles est interprété par la chorégraphe Iris Mirnezami qui outre la danse contemporaine, utilise des mouvements expressifs des doigts et des mains issus des techniques de danse traditionnelle, indienne en particulier, et de la langue des signes qu’elle a enseignée. Ses évolutions sont accompagnées par une création musicale magnifique particulièrement évocatrice, qui s’appuie beaucoup sur le piano et le violon.
Les techniques visuelles utilisées aident à la compréhension, parfois de manière très explicite lorsque des mots tels que lecture, écriture, savoir, paix… sont projetés sur le mur de cartables ou dans une fenêtre qui s’éclaire sur le côté. Ou comme en fin de spectacle quand des livres ouverts éclairés de l’intérieur sont disposés en cercle sur l’espace scénique délivrant une image d’espoir très poétique.
Ce spectacle émouvant et très esthétique, aborde la thématique universelle des droits des femmes, et le premier de ces droits, le droit à l’éducation. Les femmes sont les premières exclues de tout lorsque les extrémistes prennent le pouvoir. Comment ne pas penser à ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan ? Nous oublions trop vite que dans de nombreux pays, des femmes se battent et risquent leur vie pour transmettre le savoir et permettre aux filles d’accéder à l’éducation et par là même à l’émancipation.
Merci à Iris Mirnezami et Maud Noharet pour ce beau moment.
Cathy de Toledo