Les Souffrances de Job
01 août 2022Spectacle de la compagnie DERAÏDENZ (84) vu le 26 juillet à 19h sur l'Îlot Chapiteau, dans le cadre du Festival Off d'Avignon 2022, du 7 au 30 juillet.
Auteur : Hanokh Levin
Mise en scène : L. Guillec
Interprètes : C. Agard, H. Boulanger, M. Gassin, S. Rieu, R. Salvador, B. Zsilina
Accessoiriste : E. Remblier
Régie Générale : L. Lallouette
Genre : théâtre contemporain
Public : à partir de 14 ans
Durée : 1h40
Bien qu’il faille sortir des remparts d'Avignon par la navette maritime pour rejoindre l’Îlot Chapiteau (sur l’île de la Barthelasse) et revenir à pied ; le public est reçu dans un espace campagnard où un chapiteau attend ses visiteurs du soir. Entre les conseils d’hydratation et le brumisateur d’eau à l’entrée de la salle…on peut dire que la Cie Deraïdenz reste aux petits soins de son public.
En plus de votre billet d'entrée en main, vous recevez un jeton que vous déposerez dans une structure lumineuse, un peu comme une attraction de fête foraine. Le masque blafard (représentant les différent.e.s comédien.ne.s) qui recevra le plus de jetons fera endurer les souffrances de Job à son interprète….
Mel Brooks avait tout compris lorsqu’il disait : "La tragédie c’est lorsqu’on se coupe un doigt, la comédie c’est quand on tombe dans une bouche d’égout ouverte et que l’on meurt…"
Cette vision résume bien ce que j’ai vu hier soir. Les souffrances de Job commencent donc par votre vote, votre choix du comédien principal…. Car tous les comédien.ne.s connaissent le texte de tous les personnages par cœur. Vous devez jeter votre dévolu sur le souffre-douleur de la soirée mais dans tous les cas vous avez déjà fait en amont ce choix de venir et donc d’assister aux souffrances de Job.
Ne vous y tromper pas, sur ce début de chronique, vous n’aurez pas de remords ou de regrets en allant voir ce spectacle. Cette pièce reste originale et captivante. On rit du malheur des autres et notamment de ce pauvre personnage biblique qu’est Job où l’on pourrait penser que le sort s’acharne contre lui. Le spectacle peut être gore, voir perturbant ; il n’en n’est rien puisque nous somme happés par le jeu des comédien.ne.s et par l’utilisation très intelligente des marionnettes, à taille humaine, qui paraissent être des personnages à part entière.
Comme à l’époque où se passe l’histoire, la souffrance est une fête, un jeu. On pourrait juste peut-être modérer l’hystérie des comédien.ne.s par moment. Je ne dis pas qu’on se délecte de voir Job en martyre ; je pense que c’est le monde qui tourne autour de lui qui rend la chose plus drôle…
Un humour noir, décapant, parfois grossier (mais dans le bon sens du terme) Les souffrances de Job est bien un spectacle à voir et même à revoir puisque je le rappelle, les comédien.ne.s ne tiennent jamais le même rôle sur toutes les représentations. La scénographie, les lumières, la musique, les chants, le jeu des masques vous font entrer dans un monde gothique, tragique et presque grotesque. Bref allez voir un spectacle qui vaut bien le coup de faire tour en navette fluviale.
Maxime FARSETTI