JOURS DE JOIE
JOURS DE JOIE

Un spectacle produit par l’Odéon-Théâtre de l’Europe (75) vu le 20 septembre 2022 au théâtre de l’Odéon.

 

Texte : Arne Lygre

Mise en scène : Stéphane Braunschweig

Comédiens : Virginie Colemyn, Cécile Coustillac, Alexandre Pallu, Pierric Plathier, Lamya Regragui Muzion, Chloé Réjon, Grégoire Tachnakian, Jean-Philippe Vidal

Genre : Théâtre

Public : adulte

Durée : 2h20

 

Voilà longtemps que je voulais découvrir le dramaturge Arne Lygre. Stéphane Braunschweig, qui l’a dévoilé en France et qui est son traducteur, montait son dernier opus. C’était donc l’occasion rêvée pour goûter cette langue.

 

« Jour de joie » ne se raconte pas vraiment. En deux parties qui fonctionnent en miroir, des personnages se rencontrent, parlent de vie conjugale, d’amitié, d’amours ou de désamours filiaux et de la nécessité de convoquer la joie. La place de la mère est centrale. Celle du fils chéri aussi. Mais celui-ci, Arkle, ne fait qu’une courte apparition au mitan de la pièce pour mieux annoncer sa disparition imminente.

Le premier tableau se situe en extérieur, à l’automne. Les feuilles jonchent le sol. Un banc isolé accueille trois groupes de personnages qui ne se connaissent pas et vont finir par dialoguer ensemble malgré leur envie d’intimité. Le second tableau se déroule en intérieur, chez David, le compagnon esseulé d’Arkle. Un mur d’appartement moderne ferme l’espace. Il neige. Les proches de David passent le réconforter. Malgré leur vieux compagnonnage, la soirée se passe en banalités. C’est très tchékhovien.

 

Ils sont 8 comédiens, 4 hommes et 4 femmes, tous sonorisés, pour incarner les 16 personnages de la scène. Le jeu est bon. Mais camper deux personnages n’est pas chose aisée et participe à une certaine confusion. Le passage à la seconde partie déroute et fruste. On avait fini par s’attacher aux premiers personnages, aux confidences, aux liens peu à peu tissés. Certes, on en retrouve des échos dans la seconde partie, mais le propos n’est pas palpitant. Le passage obligé sur l’homosexualité, les inégalités sociales sont artificiels. Au fond, la bascule semble avoir pour seule justification cette injonction au bonheur. Un peu court. Heureusement qu’Arne Lygre a su faire une vraie trouvaille. A chaque entrée en scène, un dialogue tout à fait inédit se produit : le personnage déjà présent parle de lui-même en didascalie tandis que le nouvel entrant pense à haute voix et à la troisième personne. Ce temps de la rencontre crée une tension inédite, parfois accentuée par la mise en scène. J’aurais aimé que l’auteur et le metteur en scène explorent ces pistes subliminales.

« Jours de joie » est un « bon » spectacle. Mais il ne m’a pas convaincu.

 

Catherine Wolff

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