Beyrouth Hôtel
Beyrouth Hôtel

Spectacle de la Cie du Nouveau monde (84), vue le 9 décembre 2022 au Théâtre des Vents à Avignon.

 

Auteur : Rémi de Voos

Mise en scène :  Olivier Douau

Interprètes : Nathalie Comtat, Olivier Douau

Genre : Théâtre contemporain

Durée : 1h15

Public : à partir de 10 ans

 

Le décor est planté, révélateur du lieu : un vieux fauteuil rouge et noir en simili cuir ayant bien vécu, un juke-box récalcitrant et facétieux, une borne d'accueil : nous sommes à la réception d'un hôtel minable en périphérie qui ne compte que quelques clients, voire pas un seul, hormis notre visiteur. Ce parisien de passage se révèle être un auteur de théâtre sur le retour, un artiste « moyen », un homme par nature ennuyeux que sa femme a récemment quitté. Il a rendez-vous avec un éventuel directeur de théâtre qui pourrait bien mettre en scène une de ses créations au Liban ; c'est la raison pour laquelle l'auteur a fait le déplacement et qu'il attend sa venue dans cet improbable hôtel, à Beyrouth...

La réception est située juste au-dessus d'un bar, ou plutôt un « lieu » où se côtoient souteneurs et prostituées des pays de l'Est, ce qui a le don d'agacer notre hôte. Tout le dérange en fait dans ce pays où la guerre civile fait rage : la nourriture, le bruit, l'attente... et particulièrement la réceptionniste, jolie brunette libanaise qui, elle, rit souvent, pose beaucoup de questions, « adore » Paris et lui propose instantanément ses « services », services qu'il refusera bien sûr, choqué par une telle proposition.

Elle ne se démonte pas, en libanaise habituée aux déconvenues de toutes sortes, dans un pays où les attentats, les restrictions n'entament en rien la rage de vivre chevillée au corps de ce peuple au moral d'acier.

L'ambiance est à l'attente : Lui, dans son fauteuil en skaï, qui attend, qui boit un peu plus qu'il ne devrait en maugréant sur les micro-inconvénients du jour, avec la réserve tristounette d'un type malheureux en amour et peu désireux de découvrir la ville et ses plaisirs. Elle, qui lui pose des questions cash, avec sa réflexion pleine de bon sens et le lâcher-prise débridé sans complexe d'une femme qui ne demande qu'à vivre, maintenant. Il « fait la gueule », elle rit beaucoup et danse souvent, le huis-clos étant ponctué de musique rock ou orientale, le juke-box se mettant en marche parfois sans qu'on le lui demande.

Ces deux-là vont-ils se découvrir une faille commune, une envie partagée ? L'Orient et l'Occident parfois se rejoignent, parfois non.

C'est triste et drôle à la fois, cette cohabitation du chat et de la souris, avec un chat qui n'est pas du tout intéressé, obsédé par la femme qui vient de le quitter.

Un bon duo d'acteurs, avec une mention pour la « réceptionniste ».

Cette pièce sera jouée de nouveau au prochain Festival d'Avignon 2023.

 

Evelyne Karam

Retour à l'accueil