Borderline investigation # 2
15 déc. 2022Un spectacle produit par la Compagnie Vertical Détour (75) et vu le 14 décembre à la Grande Halle de la Villette.
Ecriture et mise en scène : Frédéric Ferrer
Comédiens : Karina Beuthe Orr, Guarani Feitosa, Frédéric Ferrer, Hélène Schwartz, Militza Gorbatchevsky ou Clarice Boyriven
Dispositif son et vidéo : Vivian Demard et Laurent Fontaine Czaczkes
Genre : Théâtre
Public : Adulte
Durée : 1h40 (de fait plutôt 2h)
En 2018, je découvrais l’incroyable travail de Fredéric Ferrer à travers « Bordeline investigation #1 ». C’est donc peu dire l’attente générée par « Borderline investigation #2 ». Elle n’a pas été déçue.
« Bordeline investigation #1 » proposait, à la façon toute décalée de la compagnie Vertical Détour, de faire le constat de l’urgence climatique. Après un court rappel de la première version pour les non-initiés, le deuxième opus passe en revue les solutions possibles. Exit, dans une démonstration désopilante, l’ambition de coloniser une autre planète de notre système solaire. Terriens que nous sommes, nous sommes condamnés à réduire nos émissions de CO2 au risque de périr.
Les solutions possibles sont contenues dans l’équation de Kaya. Frédéric Ferrer et ses quatre acolytes nous y embarquent à la recherche du bon levier à actionner pour devenir enfin raisonnables. C’est loin d’être gagné mais le « deus ex machina » final a le mérite de nous divertir.
La série des « Bordeline investigation » est beaucoup plus théâtrale que les autres conférences gesticulées de Frédéric Ferrer. Le #2 ne déroge pas à la règle. La présence de 4 comédiens, tous sonorisés n’est pas étrangère à cette théâtralité. Ça joue, ça titille le conférencier, ça part dans l’hyperbole et l’absurde. Ainsi de cette chercheuse qui fait sa communication en suédois mais qui traduit ensuite son collègue brésilien en un excellent français. Et puis il y a les écrans : les inénarrables powerpoint de Ferrer d’abord, projetés sur trois supports ; mais aussi de fausses interviews de sommités scientifiques sur fonds verts lesquels permettent toutes les incrustations possibles. Il y a toutes ces trouvailles scéniques qui réjouissent l’œil et dynamisent le propos. Il y a cette ouverture du fond de scène qui donne de nouvelles perspectives. Il y a enfin deux scènes jouées en costume et qui insufflent le rire au cœur d’un discours scientifique rigoureux mais anxiogène.
Face au suicide collectif qui nous menace, le théâtre serait-il le seul espoir qui nous reste ? C’est ce que suggère « Borderline(s) investigation #2». Et si Borderline investigation était un classique, on aurait pu l’appeler « ô rire, ô désespoir ».
Catherine Wolff