Pièce sans acteur(s)
01 déc. 2022Un spectacle produit par la 2b Company et l’Arsenic (Lausanne) et vu le 30 novembre au Monfort.
Création : François Grémaud et Victor Lenoble
Lumières : Stéphane Gattoni-Zinzoline
Son : Raphaël Raccuia
Genre : Théâtre performance
Public : Tout public
Durée : 1H05
Encore sous le charme de son incroyable « Phèdre ! », je me suis précipitée pour découvrir le dernier opus de François Grémaud « Pièce sans acteur(s) ». Cet ovni théâtral est co-signé par Victor Lenoble.
A l’origine et suite à un incident de plateau réel ou supposé, Victor Lenoble découvre le potentiel du spectacle vivant sans acteur. A partir de cette expérience, il ambitionne de « créer un spectacle drôle, émouvant, poétique et philosophique ». Ainsi soit-il avec la complicité de François Grémaud.
Durant 1 heure, il n’est donné à voir au spectateur que deux énormes enceintes. Elles font entendre la voix des deux acolytes. Par une mise en abyme aussi absurde qu’intelligente, ils nous racontent la genèse du spectacle tout en le créant devant nous. Avec pour question lancinante de relever la gageure de faire spectacle sans acteur(s). On assiste donc à l’écriture et aux différents moyens de porter le verbe sans incarnation : des SMS projetés, des thèmes musicaux pour identifier le locuteur et souligner sa voix et pourquoi pas pour la remplacer. Un spectacle, c’est aussi des personnages et des décors. Victor Lenoble verbalise ses envies. Par le noir sur scène et « la puissance de l’évocation », il « stimule l’imaginaire » de chacun. La salle est mûre pour accompagner la suite de la recherche mais je ne peux guère en raconter davantage au risque de la trahir.
C’est gonflé. C’est drôle. C’est non seulement une réflexion sur le théâtre mais encore une expérience inédite de théâtralité : en ces temps de covid, François Grémaud et Victor Lenoble mettent en scène la distance des corps jusqu'à leur disparition. Sans écran mais par la seule force du mot et de l’imaginaire, les liens demeurent et font sens.
Catherine Wolff