Derrière le hublot se cache parfois du linge
Derrière le hublot se cache parfois du linge

Un spectacle produit par  le collectif Les filles de Simone (94) et vu le 20 janvier au Montfort.

 

Texte : Thiphaine Gentilleau et le collectif

Mise en scène : Claire Fretel

Comédiens : André Antébi, Thiphaine Gentilleau, Chloé Olivères

Scénographie : Emilie Roy

Genre : théâtre

Public : Adulte

Durée : 1H30  

 

Elles ont encore frappé ! Dans leur entreprise de déconstruction du patriarcat, les filles de Simone démontrent  une fois encore avec brio leur maîtrise du sujet et de la mise en scène.

 

Dans ce nouvel opus, les filles de Simone interrogent le couple hétérosexuel et les normes genrées sur lesquelles il achoppe invariablement.

Dans le rôle de l’épouse, on retrouve à tour de rôle nos comédiennes fétiches Thiphaine Gentilleau et Chloé Olivères. Elles donnent la réplique à André Antébi, parangon de la masculinité plus ou moins toxique, et qui  excelle d’autant plus dans son rôle qu’il prend cher.

Nos trois personnages évoluent dans un décor ludique, agencé avec  trois bouts de chandelle : cartons, palettes et bâches dessinent la salle de bain, la machine à laver, le petit nid douillet ou les planches.

La dramaturgie de « sous le hublot se cache parfois du linge » est originale et habile. La première scène donne à voir un débat avec l’équipe à l’issue d’une représentation théâtrale. Ce moment de théâtre forum est l’occasion d’introduire des faits, des chiffres et des situations que la suite va illustrer sous forme chorale. D’une part des tableaux de thérapie de couple, d’autre part, la mise en situation de la scène évoquée par l’un des deux protagonistes. Cette construction est la garantie d’un rythme enlevé entre scènes cocasses et moments plus intimistes.

Les scènes de thérapie de couple, très courtes, sont sobres comme il se doit. Le couple, grave, parle assis dans la pénombre. L’émotion est palpable. Elle atteint son acmé à l’évocation de la violence. Et pour parler du féminicide, le collectif a eu l’idée géniale de distancer le crime par la représentation d’Othello au moment où il accuse Desdémone de trahison.

Plus généralement et c’est heureux,  c’est le couple « ordinaire »  qui est taquiné. Les scènes jouées sont d’autant plus drôles que le verbe est fécond et les inventions scéniques, désopilantes : au milieu du spectacle, deux étudiants assistent à un cours sur le genre. La prof écrit sa démonstration sur le carrelage à coups d’alpha, de bêta et de D’. Nos étudiants sont moins attirés par le cours que par la cour. S’ensuit une chorégraphie endiablée sur  « Grease », la mise en ménage pour toutes les mauvaises raisons possibles ;  et bêta de finir épuisée à force de regonfler littéralement son alpha.

 

Sans manichéisme, avec une grande intelligence et une belle économie de moyens,  « Derrière le hublot se cache parfois du linge » décortique les ressorts culturels qui à force de figer les rôles, pourrissent le couple. C’est un spectacle qui interpelle chacun.e d’entre nous dans son individualité et dans sa relation à l’autre…. et qui invite à la discussion.

 

Catherine Wolff

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