Source: Théâtre Transversal

Source: Théâtre Transversal

L'institut Benjamenta

Spectacle de l'Autre compagnie (83), vu le 25 janvier 2023 au Théâtre Transversal à Avignon, dans le cadre du Festival FEST'HIVER.

 

Auteur : Robert Walser

Comédien : Guillaume Mika

Mise en scène : Frédéric Garbe

Type de public : Adultes

Genre : Théâtre

Durée : 1h15

 

Salle comble pour cette sortie de résidence au Théâtre transversal à Avignon. Sur scène, de multiples rideaux de tulle et un sol recouvert de papiers froissés. Tout est blanc, irréel, et le comédien ne fait pas exception.  

 

Dans un décor blanc évanescent, au milieu de papiers froissés qui deviendront des accessoires au fur et à mesure de son récit, Jakob von Gunten nous raconte son expérience à l’Institut Benjamenta.

D’une voix souvent exaltée, il retrace le piège qu’il semble s’être lui-même créé en venant faire son apprentissage à l’Institut, où l’on n’apprend rien, où il ne se passe rien, mais où la revendication n’a pas sa place.

Jakob semble fier d’avoir assez d’humilité pour endurer cette étrange formation, se croyant libre de s’en aller à tout instant. Mais il n’est plus libre, précisément depuis qu’il n’a pas réussi à récupérer l’argent investi et qu’il n’a justement pas eu l’humilité de tourner les talons et de l’admettre perdu.

Il s’engage alors dans une relation asymétrique avec M. Benjamenta, le directeur de l’école, nous décrivant avec orgueil les miettes que celui-ci aura bien voulu lui donner. Jusqu’à être le dernier pensionnaire de l’Institut et à ne le quitter que pour partir en voyage avec M. Benjamenta, se persuadant devant nous que la décision lui appartient.

L’ambiance, onirique au début, devient pensante à mesure que le récit avance et que les questions se bousculent dans nos têtes : mais pourquoi ce gâchis ? Et que penser des camarades de classe de Jakob, qui bien qu’« humbles » eux-aussi, semblent réussir à poursuivre leur vie ? Et de leur professeure, Mademoiselle Benjamenta, qui meurt de manque d’amour ?

Les jeux de lumière, qui donnaient d’abord vie aux fantômes, accentuent le malaise en devenant de plus en plus tristes et sombres à mesure que le récit avance.

L’institut Benjamenta est donc une pièce qui questionne, remue, et nous laisse KO. La réflexion est néanmoins intéressante et l’angle d’approche original. A voir donc, mais pas n’importe quand.

 

Aurélia Talvaz

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