La Peste
19 févr. 2023Spectacle de la compagnie Demi-Lune (06), vu le jeudi 16 février 2023 dans le cadre du Festival des Jeunes Pousses qui s’est tenu du 16 au 19 février 2023, à Nice, organisé par la compagnie de l’Emergence au théâtre de la Cité.
Auteur : Albert Camus
Adaptation et Mise en scène : Robin Delval
Distribution : Robin Delval - Olivia Lucidarme - Sasha Paula
Genre : théâtre contemporain
Durée : 1h30
C’est dans un ancien cinéma de quartier devenu le théâtre de la Cité à partir de 1994, géré actuellement par le la Cie Miranda, que je suis allé voir cette libre adaptation du roman « la Peste » (© Editions Gallimard) d’Albert Camus et transposée, sur scène, par la compagnie Demi-Lune. Cette unique représentation dans cette petite institution niçoise de 256 places, s’est déroulée durant 4 soirs durant un nouveau festival mettant en avant des jeunes compagnies locales. La salle, aux fauteuils rouges, totalement refaite à neuf en 2020 accueille tout au long de l’année diverses créations de tout genre, que cela soit du théâtre, du Stand-Up, de la musique... La Compagnie Demi Lune quant à elle, est une structure antiboise qui a créé et joué ce spectacle en 2022 à Antibes.
Les décors sont très épurés pour cette adaptation. Seuls quelques vêtements sont pendus et d’autres forment des tas placés en fond de scène. Un seul comédien gardera son rôle-titre durant toute la pièce, à savoir Bernard Rieu, le médecin d’Oran, tenu par le metteur en scène et adaptateur du roman. Les autres comédien.ne.s enchaineront plusieurs personnages en se servant des habits au sol. D’une certaine manière, je dirai que cette adaptation fait écho à ce que nous avons vécu durant la crise sanitaire précédente. Ainsi nous sentons et comprenons absolument cette ambiance pesante lorsque la ville voit ses portes totalement fermées pour essayer d’empêcher le développement de la maladie. Tout comme le temps qu’il a fallu aux autorités pour décider la mise en place du confinement.
La mise en scène est très efficace et saisissante sur l’aspect insalubre d’une ville à l’arrêt où les rats ont transmis la pathologie aux hommes à une rapidité dont personne n’aurait pu se douter. Les tas de vêtements, enroulés dans des draps blancs, permettent de visualiser des cadavres qui s’entassent à un rythme effréné. C’est le point fort de cette adaptation. La compagnie demi-lune nous entraine donc dans une communion entre des être humains qui ne supportent plus cet enfermement, tombant les uns après les autres, et ce mal étrange qui ronge les rues d’Oran.
Néanmoins, il y a pour moi un manque de rythme… En effet pour appuyer cette misère et cette horreur peut-être que le caractère des personnages et notamment leur envie d’en finir avec cette crise, face au calme et au désarroi du médecin pourrait être un peu plus accentuée par une anxiété qui diffère selon le point de vue. Une sorte de rupture de caractère entre cette population qui étouffe et le personnage principal qui essaie de se contrôler pour éviter le drame et la crise de nerf. Le tout allant vers une unicité des actes pour le bien commun de la cité.
Malgré cette remarque, personnelle, la compagnie a su relever le défi de transmettre, à sa manière, cette œuvre d’Albert Camus de façon originale et contemporaine.
Maxime FARSETTI