Le Cabaret des absents
Le Cabaret des absents

Un spectacle produit par la compagnie l’Entreprise/Cnie François Cervantes (13) et vu le 24 mars à la MC93.

 

Texte et Mise en scène : François Cervantes

Comédiens : Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Emmanuel Dariès, Catherine Germain, Sipan Mouradian, Sélim Zahrani

Création costumes, masques et perruques : Virginie Breger

Genre : Théâtre

Public : tout public

Durée : 1H 50

 

Restée sur un mauvais souvenir, cela faisait des lustres que je n’avais pas vu le travail de François Cervantes. A la faveur d’une programmation printanière moins dense qu’au premier semestre, j’ai eu envie de renouer avec lui. C’était une riche idée.

 

« Le Cabaret des absents » est un spectacle complexe dans sa structure narrative. Il mêle deux plans : la ville, ses petits riens du quotidien, ses paysages, ses moineaux et ses silhouettes qui vaquent à leurs occupations ; le théâtre comme lieu de vie et de création. Les silhouettes suggérées dans le premier cadre, tout en conservant pour la plupart leur anonymat –la femme en rouge, l’homme au canapé, l’enfant Tagada – convergent dans leur parcours de vie vers le théâtre, véritable phare dans l’impersonnalité de la ville.

Ces deux dimensions sont clairement identifiées par un traitement différencié de la dramaturgie. Pour évoquer la ville et les tranches de vie des personnages, les six comédiens sont généralement statiques, disposés en quinconce et énoncent leur texte en choral. Quand la rencontre avec le théâtre s’opère, ça joue et ça joue tous les genres du spectacle vivant de la danse jusqu’à la marionnette en passant par le slam. On assiste à de véritables morceaux de bravoure ! Pour ne parler que d’eux, Le magicien, le siffleur, les néo-Deschiens, le numéro d’effeuillage et le duo de clown sont époustouflants.

Avec une grande économie de moyens mais avec un éminent souci du jeu et des artifices théâtraux (maquillage, costume, masques et autres postiches), on assiste à une véritable ode au théâtre comme lieu de refuge, d’émancipation et de métissage. J’ai déploré quelques longueurs, un jeu parfois maladroit (peut-être à escient) mais non dénué de charme pour autant. Au-delà de ces quelques réserves, « Le cabaret des absents » m’a réconcilié avec le travail de François Cervantes.

 

« Le cabaret des absents » déploie intelligence et ambition pour mieux servir l’essence même du théâtre. Derrière son didactisme et au-delà de l’histoire vraie qu’il raconte (celle d’un théâtre de Marseille), « le cabaret des absents » démontre le caractère essentiel du spectacle vivant dans la vie de la cité.

 

Catherine Wolff

Retour à l'accueil