Sept secondes d'éternité

Joran Juvin

Spectacle de la Compagnie Animal 2nd (2A) vu le 24/02/2023 au Théâtre des Carmes (84) à 21h.

Texte : Peter Turrini
Conception et jeu : Aurélie Pitrat
Collaboration artistique et direction d’actrice : Olivier Barrère, Nathanaël Maïni, Virginie Schell
Costumes, scénographie : Thomas Marini

De simple témoin d’une prise de cinéma en entrant dans le théâtre, on passe très vite à interlocuteur privilégié d’une rencontre intimiste dans le salon d’Hedy Lamar.

Et je me suis effectivement sentie privilégiée d’être là, face à celle qui a décidé de me raconter sa vie, ses colères, sa quête de la jeunesse éternelle, ses multiples maris et ses inventions géniales. Une vie pas banale d’une femme qui, armée de beauté, de volonté et d’esprit, contribue à l’Histoire (pas toujours de la façon dont elle l’aurait voulu).

Au début je suis assez surprise : sur scène, rien ne bouge. A part la diffusion en boucle des fameuses 7 secondes et la comédienne qui se lève, de temps en temps, légèrement (et tente de boire son verre de whisky). Mais en fait… Aurélie Pitrat incarne ! Et la mise en scène permet au texte de prendre toute sa place.

C’est bon ! Vraiment. Je suis fascinée de me rendre compte à quel point une comédienne est capable de changer de visage, de voix, d’émotions transmises, voire même jetées, souvent, à la figure des spectateurs (j’étais devant et je ne regrette pas !). Le décor et la lumière font mal aux yeux au bout d’un moment, je vois flou… mais c’est parce que j’assiste à la disparition progressive d’une femme dont mes livres de lycéenne ne firent jamais mention.

A moins de faire des recherches on ne sait pas ce qui tient ou non de la vraie vie d’Hedy Lamar dans le texte de Peter Turrini. Mais je m’en fiche pas mal parce que ce monologue que nous offre Aurélie Pitrat m’a convaincu.

Si en ce moment vous avez un soucis avec votre âge ou simplement si vous avez besoin de voir une pièce vivante (encore plus que bien jouée), qui vous prend entre quatre yeux et qui bouscule, allez voir Sept secondes d’éternité.

Lucie Facquet