Deux Frères

Spectacle de la Cie A360 Production (92), vu le 12 juillet à 14h20 au théâtre Factory Antonins, dans le cadre du OFF 2023, sauf lundi.

Auteur : Renaud Merviel

Interprètes : Renaud Merviel et Julien Goetz

Mise en scène : Deborah Krey

Genre : théâtre

Durée : 1h10 

Public : Tout public à partir de 12 ans

Le phénomène des enfants battus m’a toujours  posé question, d’autant plus lorsque dans une même famille, seul un enfant de la fratrie subit des violences mais pas les autres, sans que personne ne puisse expliquer pourquoi… Parfois en apparence seulement, car il peut se cacher derrière ces comportements des explications liées à l’histoire et aux secrets de la famille.  

Renaud Merviel, installé au piano, accompagne l’entrée du public en musique, Julien Goetz à ses côtés.. Ils vont nous raconter l’histoire de deux frères, dans une famille bourgeoise ordinaire, où tout semble aller pour le mieux…

Aujourd’hui adultes, les deux frères interprètent leurs souvenirs d’enfance, les moments de complicité et de jeux, les devoirs ensemble.. Mais aussi, les bêtises sans conséquences que peuvent faire de jeunes enfants. Enfin, sans conséquences, cela dépend pour qui ! André le cadet se rend vite compte que son papa n’est pas très gentil avec son grand frère, que pour la moindre raison, voire même sans raison, il le frappe. Du haut de ses 5 ans, c’est un peu difficile à comprendre.

Mais pour Renaud, son papa l’aime, et c’est probablement sa façon de lui prouver son amour. Certainement tous les papas se comportent ainsi. Mais bizarrement, il ne fait pas ça avec son frère. Peut être parce que dès la naissance, André a été considéré comme « fragile »... Et c’est sûrement  pour l’endurcir, en faire un homme.. Comme le fait qu’il l’oblige à pratiquer le Kung Fu, sport « viril », alors que lui voudrait apprendre la danse de salon, la musique…

Adolescent, Renaud se met à fuguer pour échapper aux coups, ce qui malheureusement a parfois un effet pervers, le retour étant encore plus difficile. Jusqu’à ce que, à peine jeune adulte, il quitte définitivement le domicile familial, pour aller vivre de sa passion, jouer du piano et chanter dans un restaurant proche, où le patron lui loue également une petite chambre.

La vie d’adulte après une telle enfance est difficile, les relations avec les autres sont compliquées, en particulier les femmes… Renaud craint de les faire souffrir. Il trouvera néanmoins le bonheur auprès de Charlotte.

Les deux comédiens prennent indépendamment en charge les rôles secondaires, qui sont de fait à peine évoqués, par exemple par le simple fait d’enfiler « la veste du père », qui ne s’exprime guère qu’à travers la violence. On parle peu de la mère, mais bien souvent dans ces situations, elle aussi est victime.

Heureusement, la danse et la musique live sont omniprésentes tout au long du spectacle, et nous avons le privilège de plusieurs chansons « romantiques » de Brel, Berger et Cabrel.. Cela aide beaucoup à supporter la lourdeur du propos.

A l’issue du spectacle, les comédiens précisent qu’il ne s’agit pas d’un récit autobiographique, ni pour l’un ni pour l’autre, même si nous aurions pu nous y laisser prendre. Nul doute qu’ils se sont inspirés d’exemples comme nous en connaissons tous.

Cathy de Toledo