Fantasio

Spectacle de la Compagnie l’Eternel Eté (78), vu le 10 juillet au Théâtre Fabrik à 15.50 h, dans le cadre du festival OFF 2023, sauf mercredi.

D’après l’œuvre d’Alfred de Musset

Mise en scène et scénographie :  Emmanuel Besnault

Avec : Lionel Fournier, Benoit Gruel, Elisa Oriol, Deniz Türkmen, Manuel LeVelly,

Lumières : Cyril Manetta

Costumes et Maquillages : Valentin Perrin

Genre : théâtre

Durée : 1h25 

Public : Tout public à partir de 10 ans

À franchement parler, je ne suis pas très fan d’Alfred de Musset, dont je garde de mes études littéraires une image plutôt ringarde. Mais le dossier de présentation et le teaser envoyés par la compagnie, ont attisé ma curiosité…Il semble qu’Emmanuel Besnault ait totalement revisité l’œuvre romantique de Musset pour en faire du grand spectacle…                   

Alors que l’intrigue initiale se situe en Allemagne, Emmanuel Besnault a choisi un superbe décor évoquant Venise avec embarcadère et colonnes bicolores, et un castelet occupant l’espace à jardin, à usage évolutif au fil de l’intrigue.  Des personnages masqués habillés de longs manteaux blancs entrent en scène, esquissant un ballet, et installent d’emblée une ambiance fantasmagorique .

Fantasio apparaît bientôt, jeune homme oisif et désœuvré, cynique, criblé de dettes, qui fait part à son ami Spark de sa mélancolie. .. Il a, dit-il, « le mois de mai sur les joues, le mois de janvier dans le cœur ». Plus rien ne semble donner sens à sa vie, même pas le vin !

Le cortège mortuaire du fou du roi vient à passer et lui donne l’idée de s’introduire à la cour pour prendre le poste vacant, et s’immiscer ainsi dans la vie politique. Le voilà habillé d’un somptueux costume de bouffon bariolé et coiffé d’une espèce de bicorne rouge flamboyant. Dès lors, il se donne pour mission de convaincre la princesse Elsbeth de n’écouter que son cœur, et de s’opposer à son père en refusant le mariage politique qu’on veut lui imposer avec le fat et ridicule prince de Mantoue. Son dessein accompli, enfin réconcilié avec lui-même, Fantasio refusera la proposition de la princesse de couvrir ses dettes, et disparaîtra non sans lui promettre de revenir se cacher dans son jardin s’il est poursuivi.

Cette habillage « italien » très commedia dell ‘arte, avec costumes, maquillages et masques plus magnifiques les uns que les autres, exacerbe les caractères jusqu’à la caricature, voire au burlesque… Les comédiens sont débordants d’énergie. Certains d’entre eux endossent plusieurs rôles, et sont de surcroît tous chanteurs et musiciens. Installés dans le castelet, ils accompagnent à tour de rôle le spectacle de reprises interprétées en live de Nick Cave, David Bowie, PJ Harvey,  les Doors, les Rolling Stones (le célébrissime Let’s spend the night together ) nous entraînant dans une sorte de concert rock non-stop.

Malgré la chaleur qui règne dans la salle bondée, les climatiseurs ayant du mal à réguler sous les toitures métalliques, les cinq comédiens nous livrent un spectacle esthétique et réjouissant, performance d’autant plus remarquable qu’ils ont eux à supporter les costumes et les masques, tous très réussis, les maquillages, et les spots…

Ce spectacle est une fête dont il serait dommage de se priver…

Cathy de Toledo