mon petit grand frère
22 juil. 2023Spectacle de M-A-S Productions (75) vu au théâtre le Grand Pavois (84), le mercredi 19 juillet à 14h00 dans le cadre du festival Off d’Avignon. Relâche les dimanches.
De : Miguel-Ange Sarmiento
Mise en scène : Rémi Cotta
Interprète : Miguel-Ange Sarmiento
Régisseur : Nadal Marchal
Durée : 1h
Le 9 mars 1971, j’avais 23 mois. À 200 km de chez moi, ce jour-là, un petit garçon de mon âge a vu sa vie voler en éclat ! Ce petit garçon s’appelle Miguel-Ange Sarmiento, et, au Grand Pavois aujourd’hui, dans ce lieu qui, à l’année nous propose des ateliers bien-être, le petit garçon devenu grand nous raconte sa tragique histoire familiale.
Un flash info radio : RMC, le 9 mars 1971, entre les nouvelles politiques et l’information météo, le journaliste annonce un terrible fait divers : La mort de deux jeunes enfants de 5 ans qui se sont noyés dans un bassin d’un petit village varois.
Sur scène un gros camion transportant un nounours et un poupon, puis le comédien qui joue à la marelle. Il donne la voix à un enfant, un petit garçon sage, raisonnable et obéissant. Un garçon qui ne s’éloigne jamais bien loin de sa maman. Il a la candeur de l’enfance et pourtant son discours fait écho à une tornade effroyable qui s’annonce.
Miguel-Ange se raconte. Comment faire face au plus grand drame qu’une famille peut connaître : la mort d’un enfant et d’un frère. Si les parents sont dévastés, comment se reconstruire quand on devient le fils unique, quand on est le survivant ? L’enfant n’a plus du frère, mais il n’a plus de parents non plus, chacun vit avec sa douleur, égoïste dans la souffrance. Parce que ça fait mal, parce que on ne peut pas vivre en partageant ce déchirement interne. Peut-être que ce serait plus facile s’il y avait un coupable… Le jeune Miguel-Ange doit affronter seul son innommable chagrin. Mais si la peine déborde, la vie aussi.
Le petit garçon doit se reconstruire sur les ruines d’une vie arrachée un soir d’hiver. C’est cette tentative de reconstruction que nous interprète avec pudeur parfois et colère, bien sûr, ce petit garçon devenu artiste pour supporter la douleur, l’absence, les yeux de sa mère qui brillent, le mutisme de son père : Son deuil, leur deuil. La scène où il insulte le bonheur est glaçante : la souffrance se déverse, l’injustice transpire par tous les pores de sa peau. Pourtant c’est salvateur : l’enfant se révolte enfin, il se donne l’autorisation de crier, il ne retient plus son souffle.
Merci à Miguel-Angel de nous avoir permis de l’accompagner sur le chemin de sa résilience grâce à l’action de l’art-thérapie réussie. Il en faut du courage pour se mettre à nu sans retenue et pour laisser partir son grand frère qui, pour l’éternité restera petit.
Myriam Chazalon
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