Affiche promotionnelle du spectacle ©HelloAsso

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La dernière création du Carrelage Collectif (75), vu le jeudi 13 juillet à LaScierie dans le cadre du festival d’Avignon.

 

Texte : Adrien Madinier, d’après les improvisations des comédiens

Mise en scène : Adrien Madinier, Barthélémy Maymat

Avec : Mickaël Allouche, Juliette de Ribaucourt, Giulia de Sia, Adrien Madinier, Paul Scarfoglio, Julien Sicot

Régie : Milan Denis

Création lumières : Mehdi Maymat

Costumes : Noémie Morandeau

Public : Tout public (à partir de 12 ans)

Durée : 1h30

 

Une fois le public assis dans le théâtre, la scène est pourtant encore vide lorsqu’un message retentit dans la salle.

 

C’est le déstockage, le magasin va bientôt fermer. La voix dans les haut-parleurs enjoint fébrilement les derniers clients à se diriger vers les caisses afin de payer et de partir.

Excédé et misérable, le vendeur au micro annonce qu’il offre leurs articles à tous les consommateurs restants dans un ultime effort pour se débarrasser d’eux. Cette annonce vire évidemment au désastre, et une acheteuse reçoit une échelle sur la tête.

On assiste, en qualité de spectateur, à toute cette scène depuis ce qui semble être l’arrière-boutique. L’espace est assez nu, les fournitures sont emballées. Le magasin met la clé sous la porte et il ne reste déjà presque plus rien.

Les six comédiens entrent finalement sur le plateau, ils rejoignent la réserve pour allonger la blessée. Une chose en entraînant une autre, ils sortent une vieille bouteille de vin douteuse et un bocal de tapenade entamée en guise de pot de départ d’Antoine. Ce moment nous offre alors l’occasion de faire connaissance avec les personnages en même temps qu’ils font connaissance entre eux.

Les premières approches sont des échanges gênés et maladroits. Ils ne savent pas vraiment quoi se dire jusqu’à ce qu’ils abordent les difficultés d’Antoine. Ce dernier est licencié à cause de la fermeture du magasin et ne sait pas ce qu’il va bien pouvoir faire après.

Heureusement — ou malheureusement, pour lui, Patrick, Sophie, Julie, Paul et Yvan lui voient un avenir tout tracé. Inévitablement, ils en viennent à parler politique comme on parle du beau temps, mais cela prend une tournure inattendue. Ils s’énervent, tapent du poing sur la table. Aujourd’hui, plus rien ne va et il faut absolument faire quelque chose. Mais quoi ? Qui ? Comment ? Ils décident de présenter Antoine aux élections municipales.

Nous voilà entraînés dans le rythme endiablé d’une campagne électorale qui prendra place dans l’arrière-boutique de feu le magasin de fournitures de bureau. Tout le monde court dans tous les sens, comme ils courent vers un désastre imminent. Plus préoccupés par la conception du PowerPoint où par les photos pour la presse, ils en oublient de constituer un programme.

Plus la date fatidique approche, plus les esprits s’échauffent et les conflits entre les protagonistes éclatent dans une guerre d’égo et de buts personnels inhérente au phénomène de groupe.

Finalement, Antoine abandonne le projet tandis que les autres se retrouvent à devoir animer l’assemblée générale (composée des spectateurs) réunie pour le meeting, en enchaînant les prises de paroles plus ou moins judicieuses et en rapport avec la situation.

Ce cocktail d’humour flirtant avec l’absurde et de questionnements sur le fonctionnement d’une politique devenue marketing est une grande réussite.

Le Carrelage Collectif a investi la ville entière et filmé les séquences de la campagne électorale dans les rues. Ces vidéos sont disponibles sur leurs réseaux sociaux. Le public rit du début à la fin du spectacle et se lève pour applaudir les incroyablement talentueux comédiens et comédiennes. L’écriture est très juste — et délicieusement hilarante. Le texte retranscrit parfaitement le langage institutionnel où les mots comptent moins que la façon dont ils sont énoncés.

 

Marceline Wegrowe

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