Sur le banc d'Avignon

Spectacle de la Compagnie En quarantaine (92), vu le 13 juillet à 10h30 à l’Atelier Florentin dans le cadre du Off 2023, jours impairs.

Création et interprétation : Marta Bentkowski, Christine Loret et Nathalie Sternberg

Création lumière : Jean Kozine

Genre : Danse, théâtre et chant lyrique

Durée : 1 h

Public : Tout public à partir de 10 ans

Cette proposition mêlant danse contemporaine, théâtre et chant lyrique, a suscité ma curiosité. D’autant plus que le dossier de présentation indique « Univers drôle et poétique de trois danseuses improbables ».  Improbables ? Au rang des synonymes, on trouve douteux, mais aussi insolites. Je pencherais pour cette deuxième option et je décide d’aller voir ce qu’il en est…

Trois femmes sont sagement assises sur un banc, genre banc d’école, juste assez grand pour trois. Tenues noires, pantalon et chemise fluides, pieds nus, mains posées sur les genoux..

Elles ont convoqué les médias pour  présenter leur travail, mais il n’y a personne.. En même temps, il est 5h30 du matin, probablement un peu  tôt !  Le ton est donné, ça va être drôle, pour le moins plein d’humour…

Elles se présentent, elles sont danseuses,  donnent leur  âge, respectivement 63, 60 et 59 ans, la plus jeune clairement fière de n’avoir pas franchi la barre des 60 ans, annonçant qu’elle est aussi chanteuse, ce qui suscite les grimaces de l’aînée, et une raillerie de la seconde, chanteuse elle aussi, « mais personne ne le lui demande jamais » !

Comme toutes les  danseuses, avant  tout exercice, elles procèdent à quelques échauffements, sur et autour du banc… Ce simple banc sera leur principal accessoire.. Elles se glisseront tantôt dessous, elles s’étendront parfois dessus, le relèveront, seront « coincées » dedans, tirant chacune d’un côté.  Bref, inimaginable ce qu’on peut faire avec un simple banc..

Mais il faut dire que ce banc, c’est aussi leur meilleur ami. Les trois danseuses de la compagnie En quarantaine fondée en 2002, alors qu’elles étaient quarantenaires, proposent depuis une dizaine d’années des vidéos hebdomadaires autour de ce banc où elles mettent en mouvement l’actualité.

De grands manteaux noirs, des tutus (« qui c’est qui a dit qu’on ne rentrerait pas dedans.. !? ») quelques accessoires (coussins, aiguilles à tricoter, tabliers et ustensiles de cuisine) improbables en effet, viendront compléter la panoplie suivant les besoins de chaque tableau.

Les tableaux s’enchaînent avec fluidité,  dansés ou chantés (drôles et expressifs  jeux de mains et magnifiques intermèdes lyriques) portés par trois femmes complices, qui ne craignent pas de se chahuter gentiment, de cabotiner (un peu) et qui font preuve d’une exceptionnelle autodérision.

Une proposition originale, insolite en effet, pleine d’humour, qui ne lasse pas un instant. L’heure est même passée trop vite. Je les ai pour ma part trouvées très belles, toujours souples et félines. Nul doute que l’âge n’a pour le moment pas de prise sur elles… Et on ne voit pas pourquoi cela ne durerait pas, pour peu qu’elles poursuivent dans cette dynamique !

Cathy de Toledo