Queen, ce n'est pas un film
Queen, ce n'est pas un film

Un spectacle produit par la compagnie les Queenasses / la lucarne d’Ariane (77) et vu au Théâtre de l’Opprimé le 21 octobre 2023.

 

Texte : Sarah Civil

Mise en scène: Sarah Civil et Sarah Clément

Interprètes : Sarah Civil, Ophélie Lesobre, Adèle Liners, Ambre Reynaud

Lumières et son : Joris Chrétien

Genre: Théâtre

Public : Adulte

Durée : 1h

 

C’était la sortie du mois en mode découverte. J’apprécie la programmation engagée du Théâtre de l’Opprimé. Le synopsis de « Queen, ce n’est pas un film » m’intéressait. Malheureusement le spectacle n’est pas à la hauteur des ambitions affichées.

 

Inspirée d’une vraie correspondance, « Queen, ce n’est pas un film » raconte l’univers carcéral au féminin, avec son lot de violences, de solitude et de souffrances. Pour les femmes, la douleur de l’arrachement d’avec les enfants rend la prison plus dure encore en donnant le sentiment d’un vieillissement précoce.

Le dispositif scénique est original. Le public prend place non seulement sur les gradins mais aussi sur la scène, autour de l’espace scénique qu’il dessine. Au milieu un simple carré gris de lino tagué et jonché de lettres délimite la cellule. Entre les spectateurs et le mitard, 3 matons femmes circulent dans la coursive.

Le spectacle se joue généralement en lumière. Parfois la salle s’éteint pour laisser place  tantôt à une douche plein feu sur la cellule, tantôt à des projections. On comprend, comme pour les sons, qu’elles laissent entrevoir les pensées de Queen. Mais de fort mauvaise qualité, elles en deviennent inutiles ; Mais trop nombreuses, elles tentent de remplacer le verbe, ma foi, bien pauvre.

Je veux bien entendre qu’on parle peu en prison, mais nous sommes au théâtre ! Certes, le jeu très physique, les ébauches de danse et de pantomime, les paroles en choral, la voix off se veulent comme autant de substituts à la vacuité verbale. Mais ces subterfuges fonctionnent d’autant moins bien que la place des gardiennes est ambiguë. Tantôt elles jouent le rôle imparti par leur uniforme, tantôt elles incarnent les compagnes d’infortune de Queen. Au fond, un seul en scène avec la comédienne principale qui parvient parfaitement à faire ressentir la détresse et la misère de sa condition aurait largement suffi.

 

« Queen, ce n’est pas un film » a le mérite de porter sur les planches un sujet tabou. Malgré des qualités indéniables, le spectacle, par trop d’effets, manque son but.

 

Catherine Wolff

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