Massacre.s
Massacre.s

Un spectacle produit par le Théâtre de l’Opprimé (75) et vu le 14 décembre au Théâtre de l’Opprimé.

 

Création collective de : Benoît-Felix Lombard, Tanguy Gauchet, Leonardo Frati, Rui Frati, Alain Ramirez.

Genre : Théâtre

Public : adulte

Durée : 1h

 

Bien que j’aie été, comme toujours, libre de mes propos et en l’occurrence assez critique de « Queen », le Théâtre de l’Opprimé, enthousiasmé par ma chronique, m’a invitée à sa dernière création, « Massacre.s ».

 

« Massacre.s » égrène comme une sordide litanie la phrase de Rousseau : « l’homme est né libre et partout il est dans les fers ». « Massacre.s » revient sur nombres événements sanglants de la seconde moitié du XX°siècle - de l’Amérique du Sud à Sabra et Chatila en passant par le Burundi - pour poser force questions de philosophie politique : le prix de la liberté, l’abus de pouvoirs chevillés à l’armée, la gratuité des tueries de masse, le non respect de la vie tant humaine qu’animale.

 

Ils sont quatre hommes sur scène (une femme apparaîtra à la toute fin) pour exposer dans un décor minimaliste (1 bureau, 3 chaises, un tub, des ballons de baudruches et le mur de fond comme support de projections) le rappel historique des événements, la maïeutique, et la représentation des faits. Marque de fabrique du Théâtre de l’Opprimé, le spectacle est très politique et entend faire sortir de l’ombre, en les nommant, ces individus épris de liberté froidement  assassinés.

Le spectacle alterne récits, adresses au publics et jeu en cinq langues (français, brésilien, espagnol, arabe et russe). Certaines scènes sont très réussies : l’interrogatoire de Dieu par un potentat désireux de le convaincre de l’inanité de la liberté concédée à l'Homme; l’abattage d’une vache, la répression sanglante de la manifestation étudiante de Mexico en 1968 et qui se déroule dans le noir, à la seule lumière d’une torche. Les ballons de baudruche qui explosent sont du plus bel effet pour bruiter les balles meurtrières. Les vidéos - dont le personnage principal est souvent une mouette - invitent à la contemplation d’un autre monde, poétique  et théâtral.

Le texte est riche en références –de Foucault à Mahmoud Darwich en passant par Hamlet et la Mouette. Mais le paradoxe est là. Sous couvert de trouver des réponses par le théâtre, le texte, beau mais trop littéraire, n’est pas un texte théâtral. Pis, il engonce les comédiens dans une sorte de récitatif maladroit et dénué d’émotions. Ne s’arrêtant vraiment sur aucun des événements convoqués, il confère à l’ensemble une forme très décousue.

 

« Massacre.s » est un spectacle tout jeune et qui a sans doute besoin de se rôder. Débordant de qualités, il m’apparaît davantage comme une proposition que comme un véritable spectacle.

 

Catherine Wolff

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