Iphigénie
Iphigénie

Un spectacle produit par la Compagnie la Fille de l’Eau (75) et vu le 15 janvier au Théâtre 12 (75).

 

Texte : Racine

Mise en scène, scénographie et musique originale: Clément Séclin

Comédiens : Jean-Philippe Renaud, Margot Georgia Molvinger, Baudoin Sama, Ophélie Lehman, Juliette Petiot, Sébastien Giacomoni, Grégoire Gougeon, GHL.

Lumières : Yoan Weintraub

Bijoux : Carloe Muriania

Genre : Théâtre

Public : Tout public

Durée : 2h30

 

C’est une invitation qui est arrivée par je ne sais trop quel biais. C’était « Iphigénie » de Racine. J’affectionne particulièrement les textes classiques trop rarement montés et souvent mal. C’était donc l’occasion, en découvrant la proposition de Clément Séclin, de réentendre la langue et de repérer une nouvelle salle et une nouvelle compagnie. Le résultat est prometteur.

 

Le décor est simple mais beau et efficace, baigné dans sa lumière chaude ou plongé dans la pénombre : une scène recouverte de sable, un fauteuil en guise de trône à cour, un praticable légèrement incliné à jardin et depuis les cintres, des allemandes blanches élégamment déployées jusqu’au sol comme autant de voiles de navires en partance ou comme le dais de l’hyménée d’Achille et d’Iphigénie.

Ils sont 8 sur scène, 4 hommes et 4 femmes, vêtus de tenues guerrières noires. La coupe contemporaine est habilement assortie d’accessoires qui nourrissent des inférences avec la Grèce antique. Si les femmes sont pareillement accoutrées, si Clytemnestre ressemble à une Amazone, c’est un parti pris heureux.

Clément Séclin choisit en effet de faire entendre la voix des femmes. Elle est dans le texte mais elle a trop longtemps été négligée. Ici, les femmes affrontent les hommes, leur orgueil, leur soif de pouvoir et de conquêtes, leur lâcheté. Elles sont la vie et la raison. Elles n’entendent pas être sacrifiées sur l’autel du patriarcat sans faire entendre leurs arguments. J’apprécie tout particulièrement cette relecture actuelle et qui semble, après "l’Andromaque" de Braunschweig (chroniquée), devenir légion.

Je déplore néanmoins que le jeu n’ait pas toujours été à la hauteur de l’ambition. A la décharge de la compagnie, c’était une générale. Mais le jeu est très inégal entre les comédiens et pour chacun des comédiens. Les confidents et autres messagers sont parfaitement transparents. Les comédiens principaux laissent entendre de très belles émotions. Mais le début des tirades est régulièrement inaudible, de surcroît lorsque la musique (qui rythme plaisamment la dramaturgie) s’en mêle. C’est d’autant plus regrettable que certaines propositions sont très intéressantes : la prestation de l’excellent Achille, la diction d’Iphigénie qui confine parfois au slam, l’intermède de clown pour annoncer un mini-entracte.

 

« L’Iphigénie » mise en scène par Clément Séclin est truffée de qualités. Le spectacle, tout jeune, ne peut que se bonifier avec un travail sur la portée des voix.

 

Catherine Wolff

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