Affiche du spectacle

Affiche du spectacle

Le Paradoxe du Désir

Spectacle de la compagnie AZACUSCA (93) vu le 14/01/2024 au Théâtre du Guichet Montparnasse (75) à 15h.

 

Auteur : Ana-Maria BAMBERGER

Comédiens : Codrina Pricopoaia, Samy Rahal, Alexia Séféroglou, Geoffroy Vernin

Mise en scène : Codrina Pricopoaia

Type de public : Tout public

Genre : Théâtre

Durée : 1h15

 

Le paradoxe du désir ambitionne d’ être une comédie basée sur un carré amoureux : quatre protagonistes embarquent tour à tour une connaissance dans un projet de pièce de théâtre pour espérer la séduire tout en maintenant à distance celle qui l’y a invitée.

 

On voit d’abord naître le projet lors d’une longue scène d’introduction où les personnages s’appellent successivement pour nous faire comprendre le principe de la pièce, puis on assiste à une encore plus longue série d’entretiens paraphrasant l’idée introduite dans la première scène et le maigre cadre narratif. Il n’y a essentiellement rien de plus à se mettre sous la dent, si ce n’est quelques références abstraites et sans intérêt au contenu du projet et la chute ridicule, attendue et faussement amusante où la pièce de théâtre des personnages se retrouve plus ou moins aboutir à celle à laquelle on assiste.

Tout dans la pièce m’a rappelé le mauvais théâtre d’improvisation : le jeu plat, le rythme poussif, l’instabilité des personnages, le manque d’idées pour faire avancer les dialogues et l’intrigue, le manque d’intrigue tout court, l’absence de propos, l’absence de mouvement, la pauvreté du langage. En impro, tout cela est généralement compensé par la légèreté, la créativité et l’excitation naturelle du fait que l’histoire soit inventée en direct. Mais ce n’est pas le cas ici, bien au contraire. Les acteurs, qu’on sent compétents par ailleurs, tout en donnant l’impression d’improviser leurs répliques (ou de réciter un texte bâclé), suivent un cadre narratif remarquablement pauvre avec lourdeur, sans jamais s’en écarter et sans aucune fantaisie (mis à part trois verres d’alcool dans la scène deux), comme des athlètes grabataires montant un escalier de deux marches agrippés à la rambarde. Cela pourrait se faire rapidement mais ils tâtonnent à n’en plus finir, si bien que chaque scène parait interminable tant les personnages n’ont rien à dire et ne font que répéter et paraphraser les mêmes idées. Et même si certaines tirades ont su arracher quelques rires, rien ne rattrape la fadeur mortelle de cette pièce usante qui n’offre pour seul plaisir que le soulagement de la voir se terminer.

Je ne sais pas comment ni dans quelle condition ce spectacle s’est monté mais il représente pour moi une faute professionnelle, comme un plat pas cuit servi sans la plupart des ingrédients. Le principe a un embryon de potentiel, mais il ne se suffit absolument pas tout seul ; je pense que n’importe qui avec un pitch similaire et trente minutes de préparation pourrait offrir une meilleure performance.

 

Alexandre SAINT-DIZIER

 

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