Fabrice Robin

Fabrice Robin

Le Voyage de Gulliver

Spectacle produit par la Compagnie Point fixe (75), les Bouffes du Nord et le Centre International de Créations Théâtrales, vu le 3 janvier au Théâtre de l’Athénée (75).

 

D’après une libre adaptation de J.Swift : Valérie Lesort

Mise en scène : Valérie Lesort et Christian Hecq

Comédiens : Caroline Mounier, Valérie Lesort, Mathieu Perotto, Valérie Keruzoré, Renan Carteaux, Pauline Tricot, Nicolas Verdier, Eric Verdin

Création/réalisation marionnettes : Carole Allemand, Fabienne Tourzi dit Terzi

Accessoires : Sophie Coeffic, Juliette Nozières

Lumières : Pascal Laajili

Genre : Théâtre et marionnettes

Public : Tout public

Durée : 1h15

 

Ma présence ce soir au « voyage de Gulliver » relève d’une méprise. Je pensais replonger dans l’univers de la compagnie Plexus solaire qui, avec son incroyable Mobydick (chroniqué), m’avait réconciliée avec la marionnette. J’ai du considérer que de l’un à l’autre, il n’y avait qu’un pas logique à franchir. Au temps pour moi. Gulliver est le produit de la Compagnie Point fixe dont j’avais vu « la mouche » (chroniqué). Ma déconvenue initiale n’a pas résisté à la qualité du spectacle.

 

Le grand mérite de Valérie Lesort et de Christian Hecq est d’avoir su respecter la double entente du texte. Le spectacle est labellisé tout public : les nombreux enfants présents ce soir, vacances scolaires obligent, ont pu nourrir leur pensée magique aux péripéties du héros tandis que les adultes non accompagnés et non moins nombreux ont pu redécouvrir la fable philosophique emprunte de l’esprit des Lumières.

Le dispositif scénique n’est pas étranger à cette réussite.

La scène, souvent vide et admirablement éclairée, est le territoire de Gulliver. Légèrement inclinée en fond de scène, elle sert de castelet à des marionnettes originales. Les huit comédiens, en combinaison noire, enfile le pantin comme on le ferait d’une capuche : la tête est donc humaine mais le corps, manipulé dans la plus grande obscurité, est lilliputien. Si cet autre monde opère généralement en fond de scène, il joue parfois devant  à travers des trappes dont le battant fait office de castelet ou bien encore dans des gradins de mousse dont l’assise de chaque personnage est ajourée pour faire passer les pantins. Quelques accessoires (une façade de palais en carton-pâte, deux arbres, des cœurs, des mouettes et des maquettes de bateaux….) complètent ce monde merveilleux à mesure que l’histoire se déroule.

Elle alterne le narratif de Gulliver et les scènes jouées voire chantées. L’une des chansons, subtilement coquine pour émoustiller les adultes, emporte les suffrages de la salle. Les comédiens ne sont pas sonorisés : quel plaisir ! Malgré le parti pris de voix grotesques, qui sont de coutume pour le jeune public et qu’à titre personnel j’abhorre, les comédiens sont très bons.

 

Un peu prise au piège du spectacle jeune public que j’évite depuis que mes filles sont grandes, je ne peux que m’incliner devant le travail accompli et conseiller ce Gulliver.

 

Catherine Wolff

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