La force de la gravité
25 févr. 2024Spectacle par la compagnie La Rocket (13), vu à Nice, "au 109" le 13 février 2024 à 16h, dans le cadre du festival "Régions en Scène" Sud & Corse. La représentation s'est déroulée dans « le poulpe » de la compagnie Gorgomar.
Texte, interprétation & Mise en scène : Michelle Cajolet-Couture
Création Lumière & Régie générale : Pablo Hassani
Création sonore : Pauline Parneix
Genre : Théâtre contemporain / Seul en scène
Public : A partir de 12 ans
Durée : 1h10
C’est le troisième événement organisé par le Cercle du Midi et deuxième spectacle diffusé durant le festival. A cette occasion, j’ai pu découvrir un nouveau lieu au sein du « 109 » - anciens abattoirs de la ville de Nice- le Poulpe de la compagnie Gorgomar. Il s’agit du nom donné au chapiteau itinérant de la compagnie clownesque. Ce lieu a un plancher en bois et peu accueillir jusqu’à 70 personnes assises sur des gradins, en bois aussi. Cet espace couvert reçoit tout au long de l’année des résidences, des festivals et des représentations de spectacles éclectiques. A l’origine, ce lieu n’était pas prévu dans le programme du festival mais, pour des raisons techniques, il y a eu ce changement de dernière minute… ce qui n’est pas pour me déplaire. Découvrir de nouveaux lieux est toujours un avantage pour moi. Cela permet de changer d’ambiance et de s’adapter au spectacle. Accueilli par le directeur artistique et clown de la Compagnie Gorgomar, le public s’est installé dans ce lieu charmant… où il faisait très chaud pour un mois de février. La chaleur humaine et le soleil extérieur ayant remplacé le chauffage.
Un tronc d’arbre, gros et courtaud, sur lequel on peut s’asseoir est placé en centre scène. Un autre situé un peu plus en fond de scène - côté jardin - est fin et haut. Sur ce dernier, un cintre, portant un vêtement, y est accroché. Cela suffit, avec des effets lumières, à vous faire imaginer le désert forestier canadien mais aussi la maison en bois où se passe l’action. Oui, tout se déroule au Canada, et plus précisément au Québec, pays natal de la comédienne et dramaturge de ce seul en scène. L’histoire est un peu lugubre au premier abord : un père de famille décide d’orchestrer sa mort au lieu de l’attendre, car il se sent dépérir. Pourtant, c’est tout le contraire d’un spectacle sinistre qui s'est déroulé sous nos yeux. Michelle transmet, avec dynamisme, une énergie extrêmement chaleureuse. Comme le décrit avec justesse le synopsis de ce spectacle : « c’est un rayon de soleil dans une forêt de sapins ». Avec ses ombres et ses éclaircies, la comédienne raconte la vie d’une famille qui doit accepter la volonté de ce père d’en finir avec le poids de la vieillesse… un vieux cerf qui a fait son temps.
A travers une scénographie sobre et une mise en scène intelligente, vous traverserez les pensées de Michelle passant d’un William Shakespeare à Frank Sinatra et bien d’autres références populaires. L’idée n’est pas de défendre ou non un discours politique sur la fin de vie mais bien de montrer comment une famille reste debout…même si l’arbre de la vie est troué ou crochu.
Le spectacle passe assez rapidement. Ayant souvent le sourire accroché aux lèvres ; je ne peux que vous recommander de le voir. Il y a une certaine générosité qui se dégage de ce jeu scénique et imaginatif d’une vie, d’un souvenir de la comédienne pour transmettre à sa façon son témoignage personnel et à la fois universel. Originalité de la conception scénique ; le spectacle peut être joué chez l’habitant comme dans des lieux adaptés et intimistes. A mon sens, plus le public sera proche de Michelle plus il sera capté par ce conte. Un voyage dans un univers truculent qui vaut le détour.
Le festival n'est pas terminé. A suivre...
Maxime Farsetti