Pièce pour les vivant-e-s en temps d'extinction
Pièce pour les vivant-e-s en temps d'extinction

Un spectacle produit par la compagnie les Lieux-dits (75)  et vu à la MC93 le 28 mars 2024.

 

Texte : Miranda Rose Hall

Mise en scène : David Geselson

Comédiens : Juliette Navis et Jérémie Arcache

Scénographie : David Geselson, Jérémie Papin

Lumières : Jérémie Papin

Construction des paraboles : Ateliers de la MC93

Genre : Théâtre

Public : tout public

Durée : 1H

 

David Geselson est un comédien d’une rare délicatesse de jeu. J‘ai tardivement découvert qu’il était également metteur en scène. Je n’avais pas adhéré à « Néanderthal » (non chroniqué), mais j’avais envie de lui donner une seconde chance et j’ai bien fait !

 

Juliette nous accueille dans la pénombre. C’est la dramaturge de Geselson. Contrite mais avec force détails, elle nous donne un aperçu du spectacle  impressionnant que nous ne pourrons malheureusement pas découvrir ce soir : la mère du metteur en scène a eu un accident et son fils est son chevet. Malgré les thématiques graves qui se dessinent-la 6°extinction de masse- le public rigole. A mauvaise fortune, bon cœur, Juliette se propose de nous raconter quelques histoires en compagnie de Jérémie au violoncelle et des 10% restants du décor.

C’est un décor d’une grande simplicité et d’une grande sophistication tout  à la fois, beau et poétique et qui est totalement partie prenante de la narration : bougies, petits photophores, lampes à huile installées dans des paraboles ornées de miroirs et un praticable en guise de table. Ces éléments incarnent réciproquement des arbres, des êtres vivants, la terre et le soleil, les continents. Telles des marionnettes, Juliette les manipule pour nous raconter la naissance du vivant et les 5 premières extinctions de masse jusqu’à l’avènement d’Homo Sapiens. Insignifiante en regard du temps profond, notre espèce est engagée par sa propre responsabilité et depuis que l’Homme occidental s’est érigé en maître de la Terre dans la 6° extinction de masse. Et il va bien falloir un jour regarder en face  la réalité et notre responsabilité. Juliette dispose alors des miroirs en cercle puis en frontal sur lesquels sont inscrites au posca quelques unes des espèces actuellement en voie d’extinction. La liste, terrifiante, se poursuit sur le pan du mur du fond de scène. A la franche rigolade du début ont succédé l’émotion de Juliette magnifiée par le violoncelle et le silence introspectif des spectateurs.

« Une pièce pour les vivant-e-s en temps d’extinction » est une merveille. Dans une grande poétique, elle mêle pédagogie, coup de gueule et humour. Saurons nous un jour, et vite, parler écologie c’est-à-dire au sens étymologique du terme parler ensemble de notre maison ? « Une pièce pour les vivant-e-s en temps d’extinction » en est l’invitation.

 

Catherine wolff

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