TADAM
29 avr. 2024Spectacle par la Cie Renard / Effet mer (34) vu au théâtre Anthéa Antipolis à Antibes le jeudi 18 avril 2024, à 14h30.
Écriture : Baptiste Toulemonde
Participation à l’écriture : Arthur Oudar
Mise en scène : Arthur Oudar et Baptiste Toulemonde
Interprétation : Maude Fillon, Arthur Oudar et Baptiste Toulemonde
Création plateau et régie : Isabelle Derr
Création lumière : Amélie Géhin
Scénographie et costumes : Bertrand Nodet
Création sonore : Guillaume Vesin
Genre : Théâtre contemporain
Public : à partir de 9 ans
Durée : 1h10
Cela faisait depuis la crise de la COVID 19 que je n’étais plus allé à Anthéa. Et, cette fois, c’est en tant que chroniqueur que j’y retourne. Le théâtre communautaire, toujours au top en termes de fréquentation sur la Région Sud, a fêté ses 11 ans ce mois-ci. Bien qu’il y ait des têtes d’affiche dans sa programmation, il y a parfois des compagnies artistiques moins connues, qui y présentent des créations tout aussi alléchantes, voir même (j’ose le dire) mieux. Contacté par la compagnie pour venir voir le spectacle TADAM, c’est avec un train bondé et un vent bien criard que je suis arrivé au théâtre… La pluie préparait déjà son terrain. Ce n’est pas la première fois que je me rends à une représentation scolaire mais c’est bien un baptême de voir et d’assister à une telle organisation. Pour résumer : exceptionnellement deux spectacles pour les scolaires étaient programmés pratiquement en même temps. L’un dans la grande salle de plus de 1000 places et l’autre dans la « petite » salle de 200 fauteuils. L’équipe du lieu culturel était en branle-bas de combat pour pouvoir accueillir dans les meilleures conditions les écoles, collèges, lycées ainsi que leurs accompagnateurs. Plus de 400 enfants avaient rendez-vous dans la grande salle…sauf que plusieurs classes avaient du retard sur la route. Les autres jeunes spectatrices et spectateurs (environ 200 puisque la petite salle sera pratiquement pleine), arrivé.e.s en avance, devaient attendre dans un espace dédié (afin d’éviter tout mélange de groupes). Une fois le premier spectacle installé et commencé, les scolaires de TADAM sont placé.e.s dans le hall pour que la chargée des relations avec le jeune public puisse leur faire un discours. Pour ma part, c’est une première aussi de voir cette phase en dehors de la salle de spectacle. En général les personnes sur un poste similaire rappellent les règles une fois le public assis. Mais étant prévenante, l’équipe préfère évoquer les conditions de base au dehors, pour ne pas parasiter la concentration des comédiennes et comédiens. Le public rentre et s’installe. Tout le long du spectacle l’équipe du théâtre restera en salle avec les enfants pour éviter toute dissipation. Une équipe, donc, au poil.
La scénographie est dévoilée dès que le public s’installe. Un escalier en colimaçon en fond de scène est placé au centre. Coté cours, un cadre de fenêtre pend, bien au-dessus de l’escalier, avec un voile blanc qui y est accroché. En dessous, dans la pénombre un homme est assis dans un fauteuil, de profil. Derrière lui, plusieurs vêtements sont pendus sur un portant en deux parties séparées par un miroir. Devant, toujours côté cours, une petite caisse utilitaire de transport pour du matériel professionnel de la scène est dévoilée. A son opposé, un autre coffre de même type est placé à l’extrémité côté jardin. Nous y voyons dessus un jeu d’échec. Enfin, derrière ce dernier une troisième caisse est visible. Celle-ci supporte divers objets du quotidien (poste radio, cafetière ; il aura le rôle aussi d’un petit frigo plus tard dans la pièce). Au sol, une sorte de damier colorisé prenant pratiquement tout l’espace scénique – rappelant une sorte de carrelage que l’on peut retrouver dans une vieille bâtisse. Le spectacle peut donc commencer, avec un tour de magie… raté.
Le personnage assis dans la pénombre, Yves, est bien un professionnel du spectacle puisque c’est lui-même qui échouera sa représentation. Un personnage ressemblant à Ziggy Stardust ou David Bowie (à vous de choisir) se dévoile en arrière-plan et rit de ce mauvais tour. Son nom ? Kiki. Non. Je ne vous dirais pas les origines de ce personnage bien qu’elles vous surprendront. Enfin, juste après, Louison demande à ce que son père lui ouvre la porte…car c’est sa semaine de garde alternée. Yves, pris par son échec, aura un autre revers, celui de décevoir sa fille qui l’a attendu, un bon moment, devant son établissement scolaire. Le père essaie de se rattraper avec des tours amusants…en vain, Louison grandit et ne s’émerveille plus devant les tours de magie. Une petite chose tout de même l’interpelle chez son père… qu’est ce qu’il trône en haut de cet escalier qui lui est interdit ? Quel secret cache Yves ? Et surtout pourquoi Kiki doit-il rester invisible aux yeux de cette jeune adolescente ? N’insistez pas, je vous dis ! Je ne dévoilerais rien !
Bon d’accord…alors tout ce que je peux dire c’est que cette pièce de théâtre est pour l’instant la meilleure que j’ai vue depuis un bon petit moment. Je n’ai pas vu le temps passer. Le rythme est dynamique et vous ne perdez pas une miette de ce qui se joue sous vos yeux. Et… c’est tout !
Bon soit, s’il faut en dire un peu plus : Le sujet traite de la dépression mais aussi des échecs que l’on peut rencontrer tout au long de sa vie. Ils peuvent vous faire souffrir, certes, mais ils sont là pour mieux apprécier notre vie éphémère sur cette bonne vieille terre. Quelques soient notre caractère et nos problèmes, nous avons toutes et tous plus d’un tour dans notre sac pour nous relever la tête haute et avancer. La vie nous réserve des surprises, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, à nous de les recevoir avec notre propre enthousiasme. Alors à décrire de cette façon, cela peut paraitre un peu complexe mais la meilleure manière de comprendre ces écrits…c’est d’aller voir ce spectacle. Vous serez entrainés dans une scénographie tournoyante où l’on se demande presque s’il n’y aurait un peu de magie au sein de cette équipe. Tout est juste, entrainant, captivant. Bon une dernière description… je ne suis pas friand des flashback…et bien voilà un spectacle qui prouve encore une fois qu’au théâtre tout est possible quand cela est travaillé au millimètre près. Le cinéma et l’écran peuvent allez se rhabiller. Allez voir du vivant pour petits et grands c’est toujours plus impressionnant. Bref à voir sans hésitation… Yves vous dévoilera l’un de ses meilleurs tours. Louison vous transmettra sa bonne humeur. Et kiki, lui, il vous marquera. Je sors du théâtre ; il pleut et vente… qu’importe, j'ai passé un si bon moment.
Maxime Farsetti