Chaussons aux tomates

Spectacle vu à La Garance, scène nationale de Cavaillon, le 23 mai 2024 dans le cadre du festival « Confits »

Conception, mise en scène et performance : Hiba Najem

Scénographe et cheffe de plateau : Riwa Baroud

Rédactrice :  Lynn Najm

Supervision à la traduction : Ounsi Daif

Genre : Théâtre culinaire

Public : A partir de 8 ans

Durée : 1h15

Hiba Najem est libanaise et vit à Beyrouth. Estimant (à juste titre) qu’une dimension théâtrale est présente dans l’acte de cuisiner, elle a créé un spectacle « culinaire » aussi étonnant que captivant.

Pour son premier opus, notre conteuse racontait l’histoire de l’Adass bi shoumar (lentilles au fenouil). Fatayer bi Banadoura (chaussons à la tomate) est donc le deuxième volet de ce théâtre culinaire très participatif : en effet, nous sommes une quarantaine de spectateurs-convives autour d’une grande tablée au centre de laquelle Hiba nous contera tour à tour l’histoire des femmes de son village et leurs chagrins d’amour mais c’est surtout l’histoire de la tomate qui va nous ravir, car son aventure à travers les siècles ne manquera pas de nous étonner : ce fruit-légume , découvert au Mexique en 1519, a d’abord été synonyme de produit toxique et ne se consommait pas ;  La tomate restera une plante ornementale durant 3 siècles. Au milieu du XVIIIème siècle, on découvre enfin son potentiel nutritif et gustatif.

Lorsque nous prenons place à cette grande tablée, un enregistrement nous met aussitôt dans l’ambiance du Liban et de ses femmes dont l’échange vif et enjoué raconte l’histoire du village de Beit Chabeb (d’où est originaire l’auteure) et du Fatayer bi Banadoura (chausson à la tomate).  Ce spectacle leur est d’ailleurs dédié. L’audio, en langue arabe, est traduit sur un petit fascicule remis à chacun de nous.

En préparant devant nous la farce qui garnira les chaussons, Hiba nous raconte l’histoire des femmes, de toutes les femmes, qui ont eu une vie amoureuse, ou pas, des histoires d’amours et des amours toxiques… le plaisir de cuisiner ensemble, en partageant, nous aide à panser nos plaies et à refaire de la vie… un festin !

Nous pétrirons chacun(e) un morceau de pâte afin d’en faire un « fatayer » et le garnirons de la farce déjà préparée. Avant la fin du spectacle, les chaussons seront cuits et nous les dégusterons avec grand plaisir. Transmission, savoir-faire et histoires ancestrales animent ce spectacle culinaire qui, sans le talent et la grande empathie d’Hiba, n’aurait pu être mis en scène avec autant de fraîcheur et de sincérité.

Un spectacle à voir et à déguster …c’est très bon un Fatayer !

Evelyne Karam