Le tigre bleu de l'Euphrate
Le tigre bleu de l'Euphrate

Un spectacle produit par UBU Compagnie de Création (Montréal) et vu au Théâtre de la Colline le 25 mai 2024.

 

Texte : Laurent Gaudé

Mise en scène: Denis Marleau

Comédien : Emmanuel Schwartz

Scénographie : Stéphanie Jasmin, Denis Marleau et Stéphane Longpré

Vidéo : Stéphanie Jasmin

Costumes : Linda Brunelle

Scénographie circassienne : Jani Nuutinene/circo Aero

Lumière : Marc Parent

Genre: Théâtre contemporain.

Public : Adulte

Durée : 1H30

 

Laurent Gaudé est un auteur que j’apprécie. Malgré la notoriété du texte acquise à son corps défendant lors de la session 2015 du bac de français, je n’avais pas eu le loisir de lire « Le tigre bleu de l’Euphrate ». C’était donc l’occasion de le faire.

 

« Le tigre bleu de l’Euphrate » saisit  Alexandre le Grand au seuil de la mort. Agonisant, il congédie sa cour pour mieux convoquer le Dieu de la mort et avant le jugement, lui raconter ses exploits et l’homme qu’il était. Un chef de guerre certes mais bâtisseur et qui a aimé son ennemi Darius au point de le venger. Un conquérant assurément mais qui n’en finit pas d’agonir depuis qu’il a renoncé, pour son armée, à suivre le tigre bleu de l’Euphrate qui le guidait aux confins du monde, à l’Est. Un homme perclus de contradictions comme tout à chacun mais à nul autre pareil dans son désir et sa faim, insatiables.

La mise en scène est dépouillée à l’image de la mort choisie par Alexandre. Trois allemandes encadrent la scène. Un tissu écru au sol suggère le sable. Au centre, trône un sommier de fortune comme seul accessoire. A mesure que le récit des aventures d’Alexandre se déroule, les allemandes deviennent le support flou des paysages qu’il traverse en souvenir. La lumière oscille entre chaud et pénombre pour mieux épouser l’épopée passée et la décrépitude présente. C’est dans cet écrin épuré que résonnent les mots de l’auteur admirablement portés par Emmanuel Schwartz.

Quelle performance ! Seul en scène durant une heure trente, à peine sonorisé, vêtu d’un costume écru dont la coupe évoque les représentations mésopotamiennes, il fait entendre de sa voix de basse, parfois caverneuse, la poésie épique de Laurent  Gaudé. La gestuelle, millimétrée, laisse voir tantôt le mourant, tantôt le fier guerrier. Sa prestation est si parfaite que le public l’a ovationné.

« Le tigre bleu de l’Euphrate » est spectacle humble au service d’un texte épique remarquablement incarné.

 

Catherine Wolff

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